Lorsque la création adolescente ne parvient pas à reconstruire le Moi-je en tenant compte de la nouveauté pubertaire, le psychanalyste doit inventer une pratique spécifique ; soit un travail de construction auquel l’adolescent est susceptible de s’identifier. Lorsque la création adolescente n’est ni partageable ni partagée, la cure doit proposer un champ commun où peut se développer une perlaboration à deux au sein de laquelle les conditions (en règle infantile) de l’impasse (breakdown) sont imaginées ensemble.
Sont travaillés successivement : – les modalités de l’intervention, en particulier leur souplesse et leur limite ; – la différence de fait que l’adolescent apporte un matériel ou non ; – le processus en jeu dans les constructions du psychanalyste en l’occurrence la sublimation qui est mise en opposition avec l’emprise de l’idéal ; – l’implicite risqué de la déconstruction dans toute suggestion imaginaire de l’analyste.
Dans une première partie je propose de réfléchir à l’expérience religieuse telle qu’elle est racontée par certains adolescents lors de la célébration du « mystère ». Je rappellerai ensuite succinctement l’ordre sociétal établi par la religion. De cette confrontation entre « rite subjectif et objectif » il apparaîtra dans une deuxième partie la nécessité de situer leur rencontre au niveau plus profond qui est celui de l’altérité c’est-à-dire du lien intersubjectal. Le raisonnement suivra les témoignages de deux écrivains sur le mystère en question : celui de F.-R. de Chateaubriand et celui d’A. Gide.
Le terme de politique est depuis longtemps utilisé à des approches fort différentes de la problématique de l’autre à l’adolescence, il est précisé celle de « l’autre institué » (famille, enseignant, compagnon) par ses fonctions sociétales ou institutionnelles. De cette confrontation, il émerge à la fois l’idée d’opposition difficilement opposable et d’étayage. Tout se passerait comme si la fonction du politique contribuerait à localiser, à situer dans l’espace-temps social le désir tel qu’il préside à la subjectivation adolescente.
Le politique serait un attribut statutaire du sujet parental de transfert dans la mission tierce adolescente.Ce dernier, défini depuis Le pubertaire (Gutton, 1991), serait un message singulier de la situation sociale dans laquelle l’adolescent se trouve par nécessité et souhaite derechef évoluer.
This text brings together earlier work using various approaches, in order better to define pubertary sublimation. It is a set of processes involving the pubertary experience towards subjectalization and adolescent objectalization. It is expressed at the level of the archaic through the interpretation that the extended infantile brings to pubertary traces. Secondarily, it presides over the construction of the ideals of adolescence. If subjectalization is in fact an inter-subjectalization, one can speak of a co-sublimation which has its origins in the state of pubertary illusion and disillusionment. The parental subject of the transference is its mouthpiece. The prevailing process of adolescent creation, sublimation would here be organized by the control compulsion of the Ego and its ideals as they have been rearranged between childhood and adolescence.
When the author (M. Hatzfeld) speaks of the « wild vitality » that shoots up in the wake of youth, I think that it is the adolescent processes which make adolescence alive, pubertary sublimation wrongly interpreted as transgression by the social response. Creative freedom, if we conceive of it in this way, never comes alone.
The objective of this working day with A. Ehrenberg Going is to go back to the theses of La Société du malaise (2010) in the field of adolescence and youth. The individual must not only rely on his personal capacities, in particular his competence, but also on « his subjectivity, his inwardness ». « Individual (“ liberated ”) subjectivity is at the forefront. »
We would suggest that the author’s methodology not refer exclusively to character disorders, as is usually done, but toadolescence as a set of processes of creation and a well-known high point in the process of narcissistic individuation. How does the duel, united movement of de-institutionalizing and psychologizing social relations cause adolescents to suffer, perhaps in an exemplary way, in their supposed normalness and in their contemporary pathologies ? How does this evolution change youths in return ?
Metamorphosis establishes a paradoxical contradiction between originality and program, « hazard and necessity », disorder and order, difference and similarity, subject and subjection, making possible a reflection between sublimation and control. Also paradoxical is its happening in time, for the illusion of the pubertaire is creative insofar as there is oscillation between it and disillusion. Repeat R. Kaës’ fundamental adage whose paradoxical character cannot be missed : « The subject is first of all an inter-subject », the pubertary metamorphosis is in an exemplary way that of the inter-subject : it includes the other in its very procedure. There is no solitary structural change. The pubertaire is not a (re)finding of the object but a revelation of genital alterity
The « metamorphic contract » is singularly enlarged when it connotes the ongoing creation of a bond between subject and society, individual and group, singular discourse and cultural referent.
Lorsque l’auteur (M. Hatzfeld) parle de la « vitalité sauvage » jaillissant dans le sillage de la jeunesse, je pense queles processus d’adolescence sont le vivant de la jeunesse ; sublimation pubertaire bien à tort interprétée par la réponse sociale comme transgression. La liberté créatrice, concevons-la ainsi n’est jamais seule.
Reprendre les thèses de La Société du malaise (2010) dans le champ de l’adolescence et de la jeunesse est l’objectif de cette journée de travail avec A. Ehrenberg. L’individu doit non seulement s’appuyer sur ses capacités personnelles, compétence en particulier, mais sur « sa subjectivité, son intériorité ». « La subjectivité individuelle (“ libérée ”) est sur le devant de la scène. »
Nous proposons à la méthodologie de l’auteur de faire appel non pas exclusivement aux pathologies de caractère comme cela lui est habituel mais à l’adolescence en tant qu’ensemble processuel de création et, haut lieu bien connu d’individuation narcissique. Comment le double mouvement solidaire de désinstitutionnalisation des rapports sociaux et de psychologisation fait-il souffrir, peut-être de façon exemplaire, les adolescents en leurs normalités supposées et en leurs pathologies contemporaines ? Comment cette évolution change-t-elle la jeunesse en retour ?
Cette exclamation insérée dans ce troisième volume sur le virtuel concerne l’angoisse ou la tristesse que provoque, pour bien d’entre nous, la disparition du livre papier. Pour ceux qui comme moi aiment écrire ; pour ceux qui aiment lire sans investir un écran trop associé dans ma génération à la télévision aux programmes médiocres et publicitaires ; pour ceux qui se repèrent volontiers chaque soir ou matin à côté de certains livres élus, interrogés avec sécurité et curiosité ; pour ceux qui éditent à une époque où le papier, séquelle de l’arbre des forêts, est en Europe si cher ; pour ceux qui enseignent non seulement en université mais aussi dans les collèges et face à l’habile compétence de leurs cadets dans le domaine informatique se soumettent, irrités, à cette bascule pédagogique.
Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 233-224.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7