L’article porte sur une recherche menée en Sciences de l’éducation dans une démarche clinique à orientation psychanalytique, dans le cadre de la formation des enseignants(es). Celle-ci est envisagée sous l’angle d’une crise identitaire professionnelle nécessitant un passage vers un « devenir enseignant » qu’une ouverture à l’anthropologie a permis de mettre en perspective avec les rites de passage. Il sera proposé d’envisager des liens entre la marque corporelle du rituel et « l’inscription de soi » dans un travail d’écriture clinique.
L’analyse d’une courte séquence d’un entretien non directif avec un jeune adolescent conduit l’auteure à considérer le cadre institutionnel comme une instance de réflexivité, dont la fonction de limitation du désir n’est pas un contrôle sur le sujet mais plutôt un moyen de l’aider à se sortir des déterminations psychiques qui l’aliènent.
L’observation de la souffrance humaine se fait souvent au moyen d’une distance obtenue par le déni d’états émotionnels qui, pourtant, apparaissent souvent déterminants à l’observateur. Cette contribution cherchera à vérifier cette hypothèse en prenant pour exemple une mission de recherche-action effectuée dans une institution accueillant des adolescents en rupture familiale. Fortement troublé par la voix étrangement désaffectée d’une adolescente, l’observateur se trouve contraint de renoncer au caractère distancié d’un régime habituel d’expertise. Ce n’est pas l’histoire de cette adolescente qui le trouble, mais ce qu’elle lui renvoie de son propre vécu familial, lequel se confond avec une démarche scientifique d’observation. Le retour vers cet « inconscient de l’enquête » constitue la base de ce que nous pourrions nommer une initiation.
À partir d’une définition du « faire grandir » comme modalité de soutien de la capacité à investir, l’article montre, à l’articulation de l’anthropologie et de la psychanalyse, en quoi les rituels traditionnels de passage à l’âge adulte peuvent étayer la constitution du « Je » et comment, lorsque le monde extérieur peine à fournir des certitudes symboliques, des espaces d’élaboration deviennent nécessaires pour assurer cette fonction.
Ce texte propose d’interroger la place des expériences de l’adolescence à partir d’une réflexion historique et politique sur le sens de la communauté. Si la jeunesse fut toujours en première ligne dans les mouvements d’insurrection et d’émancipation de la civilisation, les désastres du XXe siècle ont imprimé leur marque sur les réalisations humaines et ont profondément perturbé le rapport de l’action au projet et la confiance en l’avenir. La violence de l’acte est en nous, jusque dans les formes extrêmes par lesquelles nous nous protégeons. Imaginer comment se rapprocher de l’adolescence et inscrire ses manifestations dans le rythme plus vaste des générations suppose de reconnaître cette atteinte et cette contradiction au cœur de la communauté, et de prendre soin, à tous les moments de la vie humaine, de la longue métamorphose dans laquelle nous sommes engagés.
La réticence spécifiquement française à interroger les alcoolisations adolescentes d’une part, un possible alcoolisme de l’adolescent d’autre part, obligent à une réflexion sur la réalité du concept d’économie addictive, lequel ne saurait être confondu avec celui de dépendance à un produit. Dans ces conditions, non seulement l’alcoolisme de l’adolescent ne relève pas d’une construction fantasmatique, mais il nous semble intéressant de questionner ces deux expressions de la consommation d’alcool comme une tentative d’échapper à l’emprise d’un mode de relation trop fusionnelle, ne donnant lieu qu’à la conquête d’une pseudo-autonomisation.
Les manifestations des souffrances psychiques adolescentes à l’école prennent souvent la forme de violences verbales, la plupart banalisées par les jeunes et décriées par les professionnels. À partir d’une recherche menée auprès de chefs d’établissements cet article interroge la fonction défensive de cette banalisation à la fois comme mise à distance de la force du pulsionnel, expression d’une préoccupation narcissique et traitement psychique de l’effraction pubertaire et de la question identitaire. Les dispositifs d’atelier à médiation sont présentés comme occasion de traiter autrement ces questions, sur un mode plus ouvert à soi et aux autres.
L’adolescent cherche à construire une langue qui témoigne de sa révolte. Toutefois, les exigences du code inhérent à tout parler le contraignent à l’organisation de règles sophistiquées dont on aurait tort de croire qu’elles constituent une ruine de la langue classique. Il s’agit d’un travail sur les normes qui interroge les processus de création nés de la révolte et de l’excès.
Travail autour d’une clinique d’agressions sexuelles vécues à l’adolescence, dans l’effroi et la sidération suite à l’effraction. À partir d’un retour sur la question de la reviviscence propre au syndrome de répétition traumatique post-traumatique l’accent est mis sur l’hypothèse d’une période de latence traumatique. Le processus traumatique alors prédominant mettrait hors-jeu le travail de réaménagement, de liaison, de symbolisation du sujet.
De telles agressions et leur devenir psychique figé mais actif, caractérisé par le retour de l’identique, peuvent-ils être articulés avec les registres fantasmatiques propres à l’adolescence et à la transformation du corps pubertaire ? Ou avons-nous à faire à deux corps étrangers internes œuvrant pour leur propre compte et attaquant le sujet alors pris entre le marteau et l’enclume ?
Le contexte psychopathologique de l’anorexie mentale chez l’adolescent met au premier plan la prise en compte du corps à la fois dans sa réalité effective, mais aussi au niveau des représentations dont il vient faire l’objet. Un certain nombre de troubles de l’image du corps peuvent dès lors être décrits et pensés comme des formes de solutions symptomatiques au travers desquelles l’adolescent anorexique vient essayer d’assurer des bases narcissiques mal établies et parfois très fragiles. La thérapeutique doit ainsi prendre en compte cette dimension pour permettre la résolution de ces troubles. Le psychodrame psychanalytique, appliqué à une cohorte de patients souffrant de ces troubles, nous servira ici de support méthodologique pour mettre en exergue les éléments de cette problématique. Seront aussi discutés les effets thérapeutiques de l’utilisation de cette technique au travers d’un certain nombre de leviers (analyse des éléments corporels du contre-transfert, dynamique du toucher, utilisation du double et figurations corporelles).
Adolescence, T. 31 n°1, pp. 65-76.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7