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Brigitte Blanquet : frôler la mort à l’adolescence : un danger nécessaire

À l’aide d’une vignette clinique, il s’agit d’éclairer le processus d’actualisation du travail traumatique à l’adolescence et ses enjeux psychiques. Pour cela, nous nous appuyons sur trois scènes vécues par le sujet : la scène d’une agression ; la scène du transfert ; la scène de figuration graphique. L’analyse de ces scènes permet de promouvoir une théorie du travail du traumatique pour penser l’efficience de soin psychothérapique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 123-131.

Alberto Konicheckis : processus adolescents, objet de transfert familial

Des consultations familiales avec la famille L. permettent de montrer comment les processus adolescents constituent une sorte de vecteur qui donne forme à différentes pulsionnalités de la famille. Ces processus peuvent donc être considérés comme un objet de transfert familial. À travers l’analyse du métabolisme psychique familial, les disputes fraternelles, le retentissement de conflits inter et transgénérationnels ainsi qu’inter-familiaux, il est apparu que les processus adolescents chez Thomas, fils de treize ans d’un premier mariage de Madame L., exercent une sorte d’attirance sur des violences implicites de la famille. La rupture interne dans le développement chez le jeune adolescent entraîne également une rupture des alliances inconscientes entre les membres de cette famille.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 113-122.

Gianluigi Monniello : pubertaire féminin et regard du père

Le pubertaire féminin est constitué par les nouveautés qui surprennent toute adolescente à l’époque du ménarque, non seulement dans son corps mais aussi et surtout dans sa vie psychique. Ce processus psychique complexe interroge, entre autres, la qualité du regard du père qui suit l’évolution de l’organisation de la sexualité génitale chez sa fille adolescente. Le travail aborde un aspect plutôt négligé du rapport de la fille avec son père. Il est souvent possible dans le traitement analytique des adolescents de voir des pères faibles, absents ou même violents être l’objet d’intenses élans protecteurs et de jugements positifs de la part de leurs filles, qui font tout pour poser sur un piédestal l’image paternelle. Dans ces cas, le père œdipien semble devoir être maintenu en vie et valorisé pour exercer de façon suffisante sa fonction. En effet, ce n’est qu’à cette condition que le fantasme parricide pourra être pleinement reconnu, sa valeur symbolique pleinement élaborée et que le père œdipien pourra disparaître à l’horizon.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 99-111.

Jean-Luc Donnet : sur la rencontre avec l’adolescent

La référence à la cure analytique dans l’abord thérapeutique de l’adolescence se complète nécessairement par la prise en considération de tous les facteurs intrinsèques et extrinsèques qui viennent jouer dans l’optimisation du dispositif du travail. Certaines caractéristiques de l’adolescence (régime économique de crise, remaniement topique de la « nouvelle dépendance », statut naturel des introjections transférentielles) contribuent à éclairer l’enjeu parfois crucial, et la potentialité dynamique particulière de la rencontre avec l’adolescent. L’évaluation – parfois instantanée et réciproque – ne peut aisément se dissocier du processus identifiant ; et l’énonciation du cadre conventionnel pour des nouvelles rencontres opérer depuis la place parfois magique que l’adolescent nous assigne dans le transfert. Une consultation « banale » et son commentaire illustrent ce thème de la rencontre.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 79-97.

Vincent Cornalba : itinérances

L’auteur envisage le registre du politique comme une dimension indissociable de la rencontre entre le thérapeute et l’adolescent. À la fois initiateur d’une fonction mobilisatrice de la pensée, prosélyte de la valeur « lien », pédagogue et garde-fou, le psychothérapeute pour adolescents reconnaît les conditions spécifiques à cette rencontre. Par la définition à multiples entrées qu’il se reconnaît, il se risque à l’expression de son propre rapport à l’organisé, ce qui institue les fondements d’un vivre ensemble et rend possible une relation entre sujets pensants et parlants. L’enjeu de la rencontre avec l’adolescent coïncide, en effet, avec la confirmation ou la découverte d’une capacité inter-sujet. C’est en cela qu’il est, au plus haut point, aussi politique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 67-78.

François Pommier, Frédéric Forest : subversion du politique : la cure comme processus adolescent

Les auteurs de cet article étudient les implications du fait de penser la cure psychanalytique comme un processus adolescent et questionnent le lien entre ce processus, le politique et le dispositif thérapeutique. Leur réflexion s’appuie sur deux situations cliniques autour desquelles s’entrecroisent l’Id (au sens du ça freudien), l’identification et l’idéal. Le texte cherche d’abord à montrer que l’adolescence est un modèle pertinent pour penser la cure. Il rapproche ensuite l’adolescence et le politique en montrant que l’un comme l’autre partagent un certain rapport à l’utopie, l’adolescence caractérisant la souplesse possible entre l’Id, l’identification et l’idéal. Pour finir, le cas d’Irma met en évidence une interrogation sur la place de l’analyste entre le politique, l’adolescence et la cure qui, entre le refoulement et la demande de satisfaction, met en cause à l’intérieur de l’individu, l’échafaudage de l’idéal.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 51-66.

Gérard Bonnet : l’entrée du sujet adolescent en politique. le rôle crucial des idéaux

Comment un adolescent parvient-il à entrer en politique au sens propre du terme ? L’amour des idéaux, qui se manifeste parfois bruyamment à cette période de l’existence, en est probablement le ressort le plus déterminant. Encore faut-il préciser les composantes de cet amour, et les différentes catégories d’idéaux concernées, ce que Freud n’a fait qu’esquisser dans la seconde partie de son œuvre. On s’aperçoit alors que l’accès au politique suppose à la fois l’adhésion aux idéaux les plus universels, et le respect des idéaux narcissiques, partiels ou sociaux qu’impose l’existence. C’est donc la source de conflits permanents, et l’adolescent ne peut les gérer au niveau collectif qu’en entrant dans le discours politique au sens le plus large, et donc en appelant les idéaux par leur nom sans se leurrer sur leurs limites. C’est par là qu’il les reprend à son compte et se comporte en sujet, un sujet nécessairement écartelé entre des impératifs souvent contradictoires, mais prenant le risque de se prononcer à partir de ses propres convictions.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 27-50.

Philippe Gutton : paroles de séminaire

Le terme de politique est depuis longtemps utilisé à des approches fort différentes de la problématique de l’autre à l’adolescence, il est précisé celle de « l’autre institué » (famille, enseignant, compagnon) par ses fonctions sociétales ou institutionnelles. De cette confrontation, il émerge à la fois l’idée d’opposition difficilement opposable et d’étayage. Tout se passerait comme si la fonction du politique contribuerait à localiser, à situer dans l’espace-temps social le désir tel qu’il préside à la subjectivation adolescente.

Le politique serait un attribut statutaire du sujet parental de transfert dans la mission tierce adolescente. Ce dernier, défini depuis Le pubertaire (Gutton, 1991), serait un message singulier de la situation sociale dans laquelle l’adolescent se trouve par nécessité et souhaite derechef évoluer.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 9-26.

Gérard Pirlot : subjectivation-action in rimbaud

Using both the biography and the poetry of Arthur Rimbaud, the author proposes three hypotheses : first, in the early, poetic, part of the poet’s life, Rimbaud’s writing served as a means of deflection and refraction of the psyche that enabled him to create the « third party » space that his father could not or did not know how to hold in face of the mother’s omnipresence. The second part of his life was in Africa, the place where the father had lived and the place of « the right to go away » (Baudelaire) which would serve this « deflective modality », a form of « subjectivation-action » which is proper to adolescence. The second point is that a number of Rimbaud’s poetic pieces were, as Piera Aulagnier has shown elsewhere, so many projections of a reconstruction of the past into the future, operations which are indispensable to adolescent narcissism. Thirdly, the melancholic movement proper to adolescent subjective construction finds in the writing of poetry (brilliantly in Rimbaud, more commonly in other pubescent youngsters, including in their songs) an evanescent object that can always be found again, compulsively, in and through, the « writing work » that confronts the adolescent with the « work of melancholy » around the lost primary object.

revue Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 913-926.

Philippe Gutton : pubertary sublimation

This text brings together earlier work using various approaches, in order better to define pubertary sublimation. It is a set of processes involving the pubertary experience towards subjectalization and adolescent objectalization. It is expressed at the level of the archaic through the interpretation that the extended infantile brings to pubertary traces. Secondarily, it presides over the construction of the ideals of adolescence. If subjectalization is in fact an inter-subjectalization, one can speak of a co-sublimation which has its origins in the state of pubertary illusion and disillusionment. The parental subject of the transference is its mouthpiece. The prevailing process of adolescent creation, sublimation would here be organized by the control compulsion of the Ego and its ideals as they have been rearranged between childhood and adolescence.

revue Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 895-912.