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Alix Bernard: la mue de Clément, adolescent sourd

À travers le cas de Clément est interrogé ce que représente la voix pour un adolescent sourd. Idéalisée ou dénigrée, la voix des « parlants » est enviée. Lien vocal, symbole de ce qui unit des adultes entendants, elle est fantasmée par l’adolescent comme l’équivalent d’une liaison amoureuse, d’autant plus que sa propre voix a été l’objet d’un surinvestissement durant l’enfance. L’irruption de la mue peut alors s’accompagner d’un refus du pubertaire.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 309-325.

Philippe Givre: violence diabolisée et hystérisée de la culture rap!

Parfois diabolisée ou stigmatisée pour sa violence, la culture rap nous paraît mettre en évidence une phase structurale où se produit une nécessaire hystérisation des conduites et du discours adolescent, en même temps qu’une accession à un registre narratif plus ou moins poétique. En ce sens, l’expression rap, dans ses formes les plus achevées excède ce qui pourrait être assimilé à une simple répétition de fantasmes liés à la scène psychique adolescente pour pleinement participer à l’inscription de ses éléments fantasmatiques dans un processus sublimatoire. Art performatif; le rap se situe à ce point précis où se décide une certaine forme de renoncement et de transposition de l’acte en discours, et cela même s’il doit entretenir une ambiguïté constante quant au renoncement supposé. En ce sens, la « prose combat » inhérente au rap permet à tout le moins de générer cette attaque d’hystérie, propice à augurer cette interprétation violente des scènes du pubertaire. En définitive, la scène rap permettrait grâce à un travail sur la langue – d’un travail sur la voix, la diction et la scansion des textes – de promouvoir une véritable liberté d’improvisation et un « art-de-dire », en accord avec les règles intrinsèques du « speach act » et à l’intérieur des limites édictées par ce genre musical.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 308-325.

François Marty: figures sonores de la violence à l’adolescence

Le sonore attaque et construit l’adolescent. I1 est une des figures de la violence a l’œuvre au moment de la puberté, destructrice, côté pubertaire, constructive, côté adolescens. Marquage de l’espace adolescent, lieu des identifications groupales, enveloppe contenante et protectrice face à la menace de la réalisation des fantasmes pubertaires, le sonore exprime la violence de l’adolescence tout en lui donnant forme.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 308-324.

Élisabeth Birot: dépendance à la drogue et dépendance du moi à l’instance surmoïque

La problématique de la dépendance est à comprendre dans ses rapports à un objet dont le statut d’intériorité ou d’extériorité est sans cesse à redéfinir. Un cas clinique d’adolescent permet d’illustrer la dépendance du Moi à une instance surmoïque externalisée, omnipotente et destructrice, clivée de son pôle tutélaire et protecteur du narcissisme. L’usage de la drogue permet alors de répondre à ses idéaux contradictoires : l’acquisition d’une position toute puissante et la satisfaction de 1’exigence punitive, sans les conflictualiser psychiquement.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 308-332.

Didier Lippe: Juliette ou l’ en-quête d’ un objet mal identifié

En développant largement le cas d’une jeune patiente boulimique autour de moments mutatifs de la relation transférentielle et des aléas fructueux d’un transfert latéral dans sa cure, j’essaie de mettre en évidence les aspects particuliers et spécifiques de sa relation d’objet Je propose de voir dans la problématique d’addiction et de dépendance à l’objet alimentaire des failles dans les processus précoces d’identification liées au fait que l’objet originel d’investissement serait « mal identifié » ou se serait « mal fait identifier ». L’objet ne pourrait alors être introjecté mais seulement incorporé. I1 en résulterait la quête sans fin (dépendance), non pas tant de l’objet lui-même, que d’une tentative d’identification « de » cet objet pour s’y identifier et s’en désaliéner.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 307-323

Marc Valleur, Éric Jerôme: conduites ordaliques et addiction

La notion de conduites ordaliques, pont entre diverses disciplines en sciences humaines, s’inscrit à l’origine en continuité d’une approche descriptive, clinique, phénoménologique de la toxicomanie.

Non modèle explicatif, mais angle d’éclairage, elle peut s’appliquer à diverses formes de conduites de risque chez les adolescents. Un modèle des addictions (au sens large, actuel, et nord-américain), peut par contre être esquissé en tenant compte de l’opposition entre deux versants de ces conduites : d’une part, la dépendance, perte de sens, voire désubjectivation, de l’autre, la conduite ordalique, quête ultime de sens dans la proximité du risque de mort, comme la transgression peut être recherche de limite.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 307-323

Henri Sztulman: entre addiction et ordalie, les toxicomanes

Les travaux les plus récents et divers, cliniques, théoriques et thérapeutiques s’accordent sur une donnée centrale: dans la rencontre, chaque fois singulière, entre une personne, un produit (ou un objet ) et un environnement, ne peut être identifié un type particulier et caractéristique de structure ou d’organisation de la personnalité. Tout au plus les chercheurs et les cliniciens font-ils observer que les mécanismes de défense, la nature de l’angoisse et plus généralement l’économique de ces sujets dits toxicomanes ou drogables évoquent bien souvent ce qu’ils sont habitués à rencontrer dans les états-limites de personnalité, mais non exclusivement.

Un ensemble de traits psychopathologiques communs, tous marqués du sceau de la régression, est par ailleurs aisément repérable chez ces sujets, avec ses conséquences sur l’approche thérapeutique.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 306-323.

    • régression du désir à la demande, de la demande au besoin ;
    • régression du mental au comportemental, du comportemental au corporel ;
    • régression pulsionnelle, de l’agressivité à la violence et du libidinal à l’auto-érotisme.

Dans ce contexte conceptuel l’auteur s’efforcera de mettre en évidence les fonctions à 1’oeuvre dans ce type de posture (ou de vulnérabilité) psychopathologique : essentiellement deux, la fonction addictive et la fonction ordalique, qui seront définies, décrites, analysées et, si possible, rapprochées des différents types de structures.

Catherine Chabert: féminin mélancolique

Le traitement psychanalytique d’adolescentes et de jeunes femmes présentant de graves troubles des conduites alimentaires et notamment des conduites boulimiques permet de dégager un certain nombre de problématiques dont la singularité appelle des élaborations métapsychologiques : l’articulation du masochisme et du narcissisme permet de souligner la prédominance du masochisme moral qui soutend une culpabilité violente associée à une construction particulière des fantasmes de séduction. Le sujet en effet y occupe une place active, ce qui entretient la conviction d’avoir séduit le père. Le « crime » détermine le recours à des conduites autopunitives par l’attaque du corps dans un mouvement d’allure mélancolique.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 306-322.

Jean Gillibert: le principe de rétrospection dans le temps de la cure

Autour de la logique du temps rétrospectif et prospectif de la cure analytique, I’auteur pose la question de la réminiscence, du passé et du futur non prédictif. Il ne faut pas mettre au compte d’une logique de l’inconscient la logique de la temporalité rétrospective, La succession n’est pas incompatible avec l’intemporalité. Succession ne voulait pas dire consécution, causalité. L’inconscient avec Freud n’est que teneur, aura chosale, ce que Freud appelait « représentation de chose ». Le langage ne peut se réduire au signe ou au symbole. Aucun langage ne peut dire ce que je suis. Il y a une rupture fondatrice et thérapeutique entre les significations et le « dire ». Quatre exemples cliniques le montrent. C’est l’effet (la symptomatologie) qui fait croire à une cause et qui cause la cause (là où la psychanalyse s’empêtre dans ce qu’elle a appelé la causalité psychique).

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 305-322.

Philippe Jeammet : la violence à l’ adolescence. Défense identitaire et processus de figuration

La violence comporte une dimension meurtrière. Elle nie la subjectivité de celui qui la subit, mais elle reflète en miroir une menace sur la subjectivité de celui qui l’agit. Elle peut être vue ainsi comme une réaction primaire de défense d’une identité menacée. L’expérience de la vie institutionnelle en psychiatrie, comme les psychothérapies des sujets ayant des troubles du comportement, sont un terrain d’observation privilégiée.

L’adolescence est une étape de la vie propice aux expressions de la violence du fait de la nature des changements psychiques imposés par la puberté.

La relation de soin doit tenir compte de ces particularités du fonctionnement psychique des patients violents. L’espace de soin peut être vu comme une figuration de l’espace psychique interne du patient et son aménagement comme un moyen de rendre tolérables les relations dont ils ont besoin. Les médiations et la concrétisation d’une fonction tierce occupent une place essentielle dans cet aménagement.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 305-321.