Freud aborde le fantasme de fustigation « on bat un enfant » comme faisant partie de la dynamique psychique de tout individu. Il se manifeste à la fin de la période infantile et est issu de remaniements psychiques rythmés par trois phases. Une réécriture de ce fantasme émerge lors de l’adolescence. Frapper le parent est considéré comme la mise en acte de ce que tout adolescent fantasme : « Je bats mon parent ». On comprend que les phases surviennent de façon télescopée, toutes au même moment, portées par la flambée pubertaire. Chacune vient marquer un mouvement différent d’élaboration de la séparation d’avec les figures œdipiennes. La réémergence de ce fantasme à l’adolescence vient déborder le système de pensée, laissant coexister de forts désirs œdipiens tout en punissant un autre de ne pas les avoir arrêtés.
La vengeance représente l’une des formes de la violence humaine les plus redoutées et offre aussi un terrain privilégié pour étudier cette violence pour elle-même. Pour la psychanalyse, la perversion est l’organisation psychique qui illustre le plus clairement comment naît ce désir de vengeance dans la psyché humaine. Sa visée est toutefois paradoxale, ce que j’ai voulu mettre au premier plan d’un de mes derniers livres en le titrant : La perversion, se venger pour survivre (Bonnet, 2008). Car, si le pervers investit à ce point la vengeance, c’est paradoxalement pour survivre et pour faire contrepoids à une autre violence, mortifère, autrement redoutable, qui le menace de l’intérieur sans relâche. Le pervers fait contrepoids à cette violence de mort en investissant toutes les facettes de la vengeance et il est important de les identifier pour en désamorcer les dangers immédiats. On s’aperçoit alors qu’il investit cette violence de survie de deux façons : soit en s’en prenant à d’autres qu’il transforme en objets, dans les perversions les plus graves, quand le sujet est entièrement sous la gouverne de la dialectique de vengeance ; soit en investissant à son corps défendant telle ou telle facette de la vengeance de telle façon qu’elle reste contenue dans ses conséquences pour l’autre : cela va du donjuanisme au masochisme et au fétichisme, en passant par toutes les modalités du narcissisme ou du voyeurisme qui prolifèrent aujourd’hui.
Compte tenu de la place importante qu’ils occupent dans les loisirs des adolescents, les jeux vidéo et leurs usages sont devenus des objets d’étude incontournables. Parmi les questions posées par ces recherches, deux s’avèrent tout particulièrement sensibles par leurs implications idéologiques et politiques. La première concerne le surinvestissement dont les jeux vidéo peuvent faire l’objet, appelé parfois « cyberdépendance » ou « passion obsessive ». La seconde, ravivée à chaque fait divers impliquant des mineurs, porte sur la possible exportation « In Real Life » du contenu violent de certains d’entre eux. C’est dans ce contexte que, à la demande de la Ministre wallonne de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des Chances (Belgique), l’Institut Wallon pour la Santé Mentale a réalisé un état des lieux de la connaissance sur ces deux questions. L’article propose un résumé de ce travail.
Cet article, en appui sur une brève vignette clinique d’un jeune meurtrier ayant présenté des troubles du comportement à l’adolescence et s’étant vu refuser l’accès aux soins sous prétexte d’absence de demande, vise à discuter et critiquer ce concept. Les auteurs montrent certaines des raisons pour lesquelles il est impossible à ces adolescents d’effectuer une demande verbale de soins, alors que c’est leur comportement lui-même qui a valeur de demande dans son adresse inconsciente à l’autre. Les théorisations qui font l’hypothèse d’une spécificité du langage de l’acte à l’adolescence sont rappelées : elles permettent de penser les dispositifs et aménagements thérapeutiques nécessaires à la prise en charge par l’environnement de la souffrance psychique de ces sujets.
Adolescence, 2013, 30, 4, 919-933.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7