Archives par mot-clé : Sublimation

Marthe Coppel-Batsch : Artemisia Gentileschi (1593-1653). sexualité, violence, peinture

Artemisia Gentileschi est une femme peintre du début du XVIIe siècle, très influencée par Le Caravage qui était un ami de son père : Orazio Gentileschi.

En 1612, Orazio, s’estimant atteint dans son honneur, porte plainte pour viol contre l’amant de sa fille. Artemisia avait alors dix-neuf ans. Les actes de ce procès ont été conservés. Ils donnent à voir la violence qui régissait les relations entre hommes et femmes à cette époque.

Depuis les années 50, Artemisia a mobilisé l’intérêt des féministes en Italie et aux USA. Biographies, articles, expositions, romans et film sont apparus, évoquant son histoire.

Ce texte analyes trois œuvres d’Artemisia. Judith et Holophern, qui permet d’imaginer comment Artemisia se situait par rapport à la sexualité de son époque. Yaël et Sisera, qui, peut-être, parle indirectement de ses relations avec son père. Lucrèce, enfin, que l’on peut regarder comme une confidence.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 365-387.

Jean-Baptiste Lecuit : la mystique, entre régression et passion sublimatoire

Cet article montre comment la réduction freudienne de la mystique à une régression au narcissisme primaire peut être relativisée et prolongée par la prise en compte de la dynamique sublimatoire animant certaines grandes figures mystiques, et de la dimension amoureuse interpersonnelle de leur vie de foi. Il expose la compréhension de la mystique par Freud, dans sa différence avec la religion, et prend en compte l’apport d’auteurs contemporains comme C. Parat, S. de Mijolla-Mellor ou A. Vergote.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 143-157.

Philippe Givre : Michael Jackson : raw fantasies

Michael Jackson’s life was akin to a long one man show that ended when he was barely fifty years old. What did the adolescence of the star represent, for himself first of all ? Indeed, the physical transformations of puberty will for him generate massive anxieties, causing virulent and repeated attacks against his own body, finally leading to a genuine destruction of his physical appearance. His inability to accept these inherent elements of puberty were nevertheless counterbalanced by the sublimatory value of his artistic creativity. Thus the moonwalk, the artist’s true signature, an acted and performed expression, may be the translation of fantasy scenario closely tied to the trauma of puberty and maternal castration. Recourse to a phenomenon of « extimization » of internal reality could thus have manage to produce a sublimated actualization of fantasies transformed in the fire of his esthetic creation.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 1005-1030.

Dominique Bourdin : remarks on the vocabulary of the ideal in psychoanalysis

From a reading of Freud, this article focuses on the notions of idealization, ideal formation and Ego Ideal. The post-Freudian distinction between Ego Ideal and ideal ego is made explicit. The article concludes by distinguishing between idealization and sublimation.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 823-834.

Philippe Givre : Michael Jackson : fantasmes à vif

L’existence de Michael Jackson s’apparente à un long one man show qui s’est achevé alors qu’il avait tout juste cinquante ans. Qu’a pu représenter, en premier lieu pour lui-même, cette adolescence de star à laquelle il fut convié ? Simultanément en effet, les transformations physiques de la puberté vont être pour lui génératrices d’angoisses massives, responsables d’attaques virulentes et renouvelées contre son propre corps, jusqu’au point de produire une véritable déstructuration de son apparence physique. L’impossibilité d’assumer ces éléments inhérents au pubertaire fut toutefois partiellement contrebalancée par la valeur sublimatoire de sa créativité artistique. Ainsi le moonwalk, véritable signature de l’artiste, expression agie et performée, pourrait être la traduction d’un scénario fantasmatique étroitement intriqué au traumatisme de la puberté et à la castration maternelle. Le recours à un phénomène « d’extimisation » de la réalité interne aurait ainsi réussi à produire une actualisation sublimée de fantasmes ainsi transfigurés au plus vif de sa création esthétique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 1005-1030.

Dominique Bourdin : note sur le vocabulaire de l’idéal en psychanalyse

Au fil des textes freudiens, sont dégagées les notions d’idéalisation, de formation d’idéal et d’idéal du Moi. La distinction post-freudienne entre idéal du Moi et Moi idéal est explicitée. Le parcours se conclut par la distinction entre idéalisation et sublimation.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 823-834.

Philippe Gutton : perlaborer dans la cure

Lorsque la création adolescente ne parvient pas à reconstruire le Moi-je en tenant compte de la nouveauté pubertaire, le psychanalyste doit inventer une pratique spécifique ; soit un travail de construction auquel l’adolescent est susceptible de s’identifier. Lorsque la création adolescente n’est ni partageable ni partagée, la cure doit proposer un champ commun où peut se développer une perlaboration à deux au sein de laquelle les conditions (en règle infantile) de l’impasse (breakdown) sont imaginées ensemble.

Sont travaillés successivement : – les modalités de l’intervention, en particulier leur souplesse et leur limite ; – la différence de fait que l’adolescent apporte un matériel ou non ; – le processus en jeu dans les constructions du psychanalyste en l’occurrence la sublimation qui est mise en opposition avec l’emprise de l’idéal ; – l’implicite risqué de la déconstruction dans toute suggestion imaginaire de l’analyste.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 747-780.

Philippe Gutton : la première communion

Dans une première partie je propose de réfléchir à l’expérience religieuse telle qu’elle est racontée par certains adolescents lors de la célébration du « mystère ». Je rappellerai ensuite succinctement l’ordre sociétal établi par la religion. De cette confrontation entre « rite subjectif et objectif » il apparaîtra dans une deuxième partie la nécessité de situer leur rencontre au niveau plus profond qui est celui de l’altérité c’est-à-dire du lien intersubjectal. Le raisonnement suivra les témoignages de deux écrivains sur le mystère en question : celui de F.-R. de Chateaubriand et celui d’A. Gide.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 625-643.

Christine Condamin : figures d’adolescents martyrs et meurtriers chez mishima yukio

L’auteur propose la mise en correspondance des nombreux adolescents martyrs et meurtriers de l’œuvre de l’écrivain Mishima avec sa vie, amenant une réflexion sur le masochisme et le sadisme compris comme l’après-coup d’expériences traumatiques précoces. Tant que Mishima a réussi à sublimer en réalisant une œuvre littéraire, le masochisme a pu être utilisé comme « gardien de vie » dans une tentative de dépassement du trauma et dans l’après-coup, porteur d’un message qui cherchait à s’élaborer, cependant l’écrivain semble avoir été ensuite débordé par le potentiel de destruction des pulsions de mort désintriquées, emporté par un masochisme mortifère jusqu’à faire œuvre de disparition, sans avoir pu panser les blessures narcissiques primordiales, ni la carence d’objet primaire.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 393-407.

Emilie Morhain, Yves Morhain : « violon ». la tentative de suicide d’une adolescente : travail de deuil et sublimation

Les auteurs abordent la problématique de la tentative de suicide d’une adolescente en lien à « une mère » défaillante dans sa qualité d’investissement, avec pour conséquence la constitution d’un trou dans la relation d’objet. La tension conflictuelle entre l’attrait objectal et la préservation narcissique a trouvé à s’exprimer par l’acte et le corps chez cette adolescente en grande souffrance identitaire.

Dans une tentative de colmater les brèches narcissiques provoquées par les défaillances de l’objet précoce, le recours à un objet d’addiction (violon) – entre accordage et accrochage –, a permis à cette adolescente d’éviter de se confronter à la perte, au vide en soi, et de mettre à distance tout autre investissement qui pouvait être menaçant pour son intégrité psychique. Les auteurs montrent comment une psychothérapie à médiation va favoriser l’engagement de cette adolescente dans un travail de troc et de deuil en appui sur la sublimation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 331-345.