Le mouvement techno représente un courant musical « contre-culture » autour duquel la jeunesse se rassemble en mettant en place des espaces festifs « ré-créatifs ». Cet article se propose de montrer le caractère paradoxal du phénomène de la rave party qui, outre le risque de chronicisation de vécus cas-limites qu’il comporte, semble ouvrir parfois à un processus de subjectivation, à travers la régression que suscitent le lien groupal et les rituels qui l’organisent (tradition musicale, usage de drogues et intégration de codes spécifiques).
La fête est née dans l’environnement religieux mais la fête religieuse a évolué dans son contenu et dans ses buts. Le « nous » s’y éclipse au profit de la valorisation narcissique et de la recherche de subjectivation. Certains aspects de la fête religieuse sont investis aujourd’hui comme espaces de conversion et de transformation de soi. Dans tous les cas, le sujet adhèrera au « nous » religieux d’une manière intermittente, dans des moments de capillarité fusionnelle, éventuellement renouvelés dans le temps, sans pour autant s’inscrire dans une église. Le festif sera autant le moment de rencontre avec Dieu que la scène imaginarisée de confrontation à son propre destin.
L’image d’une guirlande de bonshommes de papier vient en support au psychologue clinicien exerçant en établissement pénitentiaire pour mineurs pour penser des adolescents pris dans une chaîne marquée par le fraternel, l’horizontalité et la norme. L’auteur expose sa démarche dans le lieu même de la prison : déplacement du psychologue vers l’adolescent dans sa condition de détention, et césure par l’instauration d’un cadre clinique. Une ouverture pour l’adolescent vers un travail de différenciation psychique et de subjectivation est alors possible. Une illustration clinique témoigne du cheminement d’un adolescent dans la rencontre avec le psychologue, du « on » vers le « je », le jeu d’échecs s’étant révélé dans ce cas un objet important.
Dans cet article les nouvelles formes de contradiction-conflits résultant des changements relatifs à la perception des limites que rencontrent de nos jours les psychanalystes dans leur pratique, sont envisagées du point de vue des notions de travail du négatif et de subjectivation, à partir de cas cliniques présentant à la fois des fonctionnements névrotiques et cas-limites. L’accent est mis sur l’importance de la rencontre avec l’adolescent dans l’adulte, ainsi que sur la nécessité d’analyser après-coup dans les cures d’adultes, la mise en place lors de l’adolescence de systèmes défensifs spécifiques empêchant l’accès aux détresses infantiles primitives. L’hypothèse d’un trouble précoce de l’identification primaire aux fondements de ces fonctionnements amène à souligner l’importance de la reconnaissance par l’analyste de ses propres résistances à son implication subjective dans la rencontre analytique et, à partir de là, à envisager les modalités de l’interprétation et du dispositif. La présentation d’un cas de “ psychanalyse de face à face ” tend à montrer que les nécessaires aménagements de la technique, ainsi qu’un rapport bien problématisé à la théorie, rendent possible un vrai travail psychanalytique avec les patients souffrant de fonctionnements limites.
Les manifestations psychotiques à l’adolescence peuvent présenter un aspect défensif face à la maladie psychotique, un breakdown (Laufer M. et M. E.). Fanny a présenté une activité délirante et hallucinatoire ; ses symptômes ont disparu après deux années de psychothérapie. La technique psychothérapique doit suivre un fil rouge : la conviction que le délirant et l’hallucinatoire appartiennent au monde interne du patient et s’intègrent au récit qu’il fait de lui-même ; le fil associatif de la séance permet de suggérer au patient le rapatriement dans son espace psychique des éléments psychotiques. Une mise au « monde », identité qui se crée, par le psychotique.
L’auteur traite du débat toujours en cours au sujet des applications de la psychanalyse à des patients adolescents ; Il présente et argumente différentes thèses concernant les deux types d’interventions thérapeutiques que sont la psychanalyse et la psychothérapie.
Dans cet article est faite l’hypothèse que le processus de subjectivation, en particulier à l’adolescence, recourt à la fermeté d’un style, qu’il soit de posture personnelle ou artistique, lorsque le sujet est menacé par des attaques psychotiques. On le voit alors intensifier son travail de pensée et de représentation, mais on distingue alors difficilement l’excès de conscience mélancolique, l’angoisse psychotique et un type de sublimation fasciné par le chaos pulsionnel. Une seconde hypothèse est faite concernant, à l’inverse, l’utilité d’une certaine solitude et de compromis masochistes avec l’objet et la réalité.
Un moment de crise d’allure psychotique chez une adolescente relevant d’une problématique névrotique est présenté dans la mesure où la quête de la singularité d’un style y endigue la décompensation.
Le théâtre de l’auteur dramatique S. Kane est ensuite analysé en détail, en effet on y trouve de façon exemplaire le paradoxe d’un suicide succédant à une maîtrise représentationnelle réussie.
Sont enfin discutées les propositions de Freud sur la destructivité masochiste et celles de D. W. Winnicott sur le noyau du vrai Self comme non-communication.
Télémaque est l’exemple même de la réussite d’une adolescence achevée et de l’entrée dans l’âge adulte. Modèle déconstruit, chacun à sa manière, par Fénelon et Aragon, laissant apparaître une violence pulsionnelle dont le fonctionnement mental s’alimente en même temps qu’il s’efforce, avec un bonheur variable, de la dompter et révélant ainsi la richesse et la profondeur de cette figure mythique.
Le passage à l’acte délictueux de l’adolescent peut être reconnu comme un acte de passage venant ponctuer la nécessaire transformation de l’image du corps propre dont découle le remaniement des images parentales. Le masochisme érogène y joue un rôle prépondérant, qui tend à substituer à des représentations d’objet inaccessibles un objet « déjà là », le corps de l’adolescent porteur de l’introject maternel. Le retournement de la pulsion sur soi-même et en son contraire lui offre un moyen de contenir l’excitation, un « self-control » fragile maintenant la liaison des pulsions agressives et libidinales, et transformant cet auto-érotisme négatif en masochisme moral. L’irréparable de l’acte fonctionne comme point de départ d’une subjectivation, où le Sujet peut s’approprier ses propres cassures, plutôt que de les attribuer projectivement au contexte relationnel.
L’esthétique de la subjectivation adolescente est mise à l’épreuve par une mise en parallèle de ces deux ensembles. L’adolescent y devient l’oeuvre des processus d’adolescence, créée pour un grand Autre ayant le secret de la référence.
La procédure est inscrite dans l’élaboration de l’idéal du Je par les processus « adolescents ». Le mécanisme d’idéalisation de l’objet y semble fondamental. Le jugement de valeur esthétique renvoie à la dimension esthétique des idéaux. Il serait possible à partir de ces points de vue de réfléchir sur la conception du beau et du laid chez les adolescents ordinaires et pathologiques.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7