Archives par mot-clé : François Richard

François Richard : la parentalité, une notion à discuter

Cet article cherche à montrer que la notion de parentalité émerge dans le contexte d’une évolution historique où le lien social tend à s’auto-reproduire, au-delà des systèmes traditionnels de parenté. Ceci doit être mis sérieusement à la discussion, dans la mesure où risquerait d’être oubliées la conception psychanalytique du conflit pulsionnel œdipien et la centralité de l’interprétation du transfert dans la cure analytique. Une première partie envisage les modalités actuelles du « malaise dans la culture » ; sont ensuite étudiés certains avatars de la subjectivation cas-limites qui se rationalisent dans un discours sur la parentalité. En conclusion, parentalité et parenté sont dialectisées grâce à une mise en perspective anthropologique.

François Richard : le complexe d’œdipe existe-t-il toujours ? l’identique et la différence. débat avec Françoise Héritier

Cet article discute l’hypothèse selon laquelle, dans la société contemporaine, le complexe d’Œdipe se complexifie mais existe toujours comme organisateur central de la psyché.

Un débat avec les points de vue de l’anthropologie – et en particulier avec Françoise Héritier et sa théorie de « l’inceste du deuxième type » (entre une mère et une fille qui ont le même amant) – introduit à une reproblématisation des notions d’homosexualité primaire, d’intersubjectivité et de tiercéité. La question de la différenciation peut ainsi être mieux pensée dans son rapport à la subjectivation : y a-t-il risque de dé-différenciation psychotisante dans l’inceste ? Qu’en est-il des troubles psychiques à l’adolescence où les phénomènes de régression vers des situations groupales où prévalent les fonctionnements limites ?

L’identique dont parle Françoise Héritier ne correspond pas terme à terme à l’économie libidinale narcissique. Il faut relancer le dialogue historique entre psychanalyse et anthropologie (A. Green et J. Lacan avec C. Lévi-Strauss, plus récemment les échanges avec M. Godelier et B. Juillerat) à partir d’une réflexion sur le devenir de la fonction paternelle aujourd’hui – dans le prolongement de la discussion critique de la théorie de l’inceste du deuxième type, et d’un exemple de société traditionnelle sans pères et des néo-parentalités contemporaines.

Le triangle œdipien apparaît comme susceptible de prendre des formes variées.

Adolescence, 2014, 32, 1, 23-46.

François Richard : travail de représentation et processus psychotique

Dans cet article est faite l’hypothèse que le processus de subjectivation, en particulier à l’adolescence, recourt à la fermeté d’un style, qu’il soit de posture personnelle ou artistique, lorsque le sujet est menacé par des attaques psychotiques. On le voit alors intensifier son travail de pensée et de représentation, mais on distingue alors difficilement l’excès de conscience mélancolique, l’angoisse psychotique et un type de sublimation fasciné par le chaos pulsionnel. Une seconde hypothèse est faite concernant, à l’inverse, l’utilité d’une certaine solitude et de compromis masochistes avec l’objet et la réalité.

Un moment de crise d’allure psychotique chez une adolescente relevant d’une problématique névrotique est présenté dans la mesure où la quête de la singularité d’un style y endigue la décompensation.

Le théâtre de l’auteur dramatique S. Kane est ensuite analysé en détail, en effet on y trouve de façon exemplaire le paradoxe d’un suicide succédant à une maîtrise représentationnelle réussie.

Sont enfin discutées les propositions de Freud sur la destructivité masochiste et celles de D. W. Winnicott sur le noyau du vrai Self comme non-communication.

Francois Richard: La littérature « adolescente » entre le beau et le laid

De nombreux sujets d’identité adolescente cherchent à conforter leur sentiment d’identité dans des tentatives de création marquées par le sceau de la négativité et l’idéalisation du laid. Mais la créativité y reste souvent au niveau d’une métaphorisation naïve et des signifiés thématiques.

Sont analysés les textes de Valérie Valère, adolescente, anorexique, écrivain et suicidée, qui rend compte de son passage, quasi initiatique, par l’expérience psychopathologique, dans une écriture typique d’une certaine métaphoricité habitée par l’obsession de la mort. Ceci introduit à des hypothèses sur la logique liaison-déliaison qui organise la littérature écrite par des écrivains d’identité adolescente et ayant pour thème la souffrance psychique spécifique de l’adolescence.

François Richard : discussion 1

L’auteur dégage les axes originaux de la présentation clinique de Kari Hauge : la combinaison d’une technique d’aménagement de la régression de la jeune adolescente comme dans une cure d’enfant, avec une technique de la rencontre basée sur la spécificité de la dimension adolescente – la formulation d’interprétations portant à la fois sur les contenus inconscients et la relation actuelle entre la patiente et l’analyste. Cette pratique permet une élaboration des complexes œdipiens infantiles réactualisés par l’adolescence tout en facilitant une reprise des processus de subjectivation, une fois les besoins de dépendance reconnus.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 29-40.

François Richard : we are all migrants. on the diversity of libidinal economies

This article suggests that the them of migration be considered as a metaphor for an interior psychical operation : the subjectalizing differentiation from the primary objects, which play a decisive role in adolescence. The issue of the subject is treated within a dialogue with sociologists, anthropologists, historians and philosophers, to the point of envisioning a plural subject open to the diversity of libidinal economies – characterized by the omnipresence of psychical bisexuality and infantile sexuality, here related to gender theory.

Migration introduces one to mixing – ethnic, cultural, but also psychical. A clinical example of adolescent psychical disorder generating elaboration and symbolization of interior strangeness illustrates the hypothesis : we are all migrants.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 661-672.

François Richard : nous sommes tous des migrants. de la diversité des économies libidinales

Cet article propose de considérer le thème de la migration comme la métaphore d’une opération psychique intérieure : la différenciation subjectalisante avec les premiers objets, qui se joue de façon décisive à l’adolescence. La question du sujet est reprise dans un dialogue avec les sociologues, les anthropologues, les historiens et les philosophes, jusqu’à envisager un sujet pluriel ouvert à la diversité des économies libidinales – caractérisée par la prégnance de la bisexualité psychique et du sexuel infantile, ici mis en regard avec la théorie des genres.

La migration introduit au métissage, ethnique, culturel, mais aussi psychique. Un exemple clinique de trouble psychique adolescent générant l’élaboration et la symbolisation d’une étrangeté interne illustre l’hypothèse : nous sommes tous des migrants.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 661-672.

François Richard : can one speak of a « society of discontent » ?

In this article, the epistemic confrontation between psychoanalysis and the social sciences is re-problematized using the arguments of A. Ehrenberg (and other researchers in sociology) and hypotheses about the specificity of the current discontent in the civilization. Freudian ideas are brought to the point where their subjectivism paradoxically introduces a perspective of renewing historicity. Current forms of discontent in civilization (contradiction between morality and cynicism, complementary relation between individualism and gregariousness, sexual liberation masking a lack of satisfaction, suspension of judgment, prevalence of functioning based on primary processes, violent acts, disorders of subjectivation) are depicted and commented upon.

Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 571-582.

François Richard : what the encounter with the adolescent teaches the psychoanalyst

Is there such thing as psychoanalysis of the adolescent ? Two points of view will be refuted, one which considers adolescence as the moment of repression after-the-fact and one which is frightened of the danger of enflamed passions in a two-person clinical situation. The history of theoretical elaborations about adolescence introduces one to a conception of the encounter between the psychoanalyst and the adolescent that can shed light on psychoanalytical practice with the adult.

The Freudian method of interpreting drive conflict and the transference is applicable with the adolescent, as is demonstrated by the treatment of a young adolescent presenting anorexic and addictive disorders. Here borderline ways of functioning correspond to contra-phobic projective defenses, repression being covered by splitting.

Some hypotheses are advanced concerning current adolescent and young adult pathologies (paradoxical recourse to forms of excitation meant to de-sexualize, externalization of psychical interiority) in a context of « civilization and its discontents ».

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 245-270.

François Richard : has the adolescent changed ? we have changed

This article considers the specificity of current adolescent pathologies (ways of functioning using unlimited primary processes, externalization of intrapsychical conflicts, recourse to the act, to violence and to self-calming excitation) from the perspective of the complexity of the Psyche, which is able to combine Oedipal drive conflict with the archaic problematic. These are the modalities of analytic work which must be investigated. Hypotheses about the intersubjective encounter in the session, and about a necessary overcoming of the opposition between narcissism and object relation, are offered in order to foster thinking about alterity.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 67-78.