Tous les articles par Admin

Claire Lesegretain : le paysage religieux des jeunes aujourd’hui

L’auteur, Grand reporter du Service Religion à “ La Croix ”, brosse un tableau de l’univers religieux des jeunes aujourd’hui. Les adolescents, assez ignorants en matière religieuse, auraient tendance à développer une curiosité spirituelle sans pour autant appartenir à une religion, forme de “ hors-piste ”. Par contre, pour certains de réelles conversions émergent à cette période de la vie. Il est à noter, aussi, le succès des rassemblements tel que les Journées mondiales de la jeunesse, où est expérimentée une pratique religieuse plus émotionnelle, chaleureuse et festive.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 193-199.

Emmanuel Diet : aliénation sectaire et problématiques adolescentes

La clinique de l’aliénation sectaire fait apparaître que celle-ci renvoie à des impasses identificatoires de l’adolescence. L’après-coup sectaire instrumentalise dans les logiques de l’emprise incestuelle, les défaillances narcissiques du sujet en répondant par la séduction perverse à ses demandes de reconnaissance.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 177-192.

Sophie De Mijolla-Mellor : la famélique pensée

Dans l’extase mystique, l’expérience de la rencontre avec l’objet ne ressemble pas à la satisfaction tranquille d’une reconstitution, d’une restitutio ad integrum, même au prix d’une certaine tension comme celle que décrit Platon lorsque les deux moitiés de l’androgyne primitif se recollent, mais beaucoup plus à un embrasement passionnel. L’homme ne retrouve pas sa part divine, il devient possédé, étranger à lui-même et c’est précisément sur cette étrangeté qu’il fonde sa conviction de la transcendance.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 159-176.

Jean-Baptiste Lecuit : la mystique, entre régression et passion sublimatoire

Cet article montre comment la réduction freudienne de la mystique à une régression au narcissisme primaire peut être relativisée et prolongée par la prise en compte de la dynamique sublimatoire animant certaines grandes figures mystiques, et de la dimension amoureuse interpersonnelle de leur vie de foi. Il expose la compréhension de la mystique par Freud, dans sa différence avec la religion, et prend en compte l’apport d’auteurs contemporains comme C. Parat, S. de Mijolla-Mellor ou A. Vergote.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 143-157.

André Brousselle : de la faute à l’extase. une stratégie narcissique ?

L’exercice spirituel devient stratégie narcissique quand ressasser la faute mène à l’extase ! Ce narcissisme d’indifférenciation (fusionnel) et le narcissisme de différenciation (dont celui de la petite différence) requalifient la faute en sens opposé, en ne s’intéressant qu’indirectement à la faute sexuelle ou agressive envers l’objet. On retrouve ces stratégies à l’adolescence chez les rejetons du New Age, souvent toxicomanes, et dans certains comportements.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 131-141.

Nicole Jeammet : Edith Stein ou de l’emprise à l’abandon de soi

Cet article voudrait combattre les idées reçues sur “ l’expérience mystique ” et voudrait la resituer dans l’histoire de celui qui la vit pour en montrer la possible créativité ; après avoir évoqué “ le buisson ardent ”, c’est l’histoire d’Edith Stein qui est interrogée pour essayer de montrer comment sa rencontre avec le Christ, si elle récapitule les expériences faites, lui ouvre un avenir, en permettant d’accéder à une autre appréhension du monde : des conflits restés jusque-là insolubles trouvent dans l’aire des paradoxes une résolution possible, permettant de réduire les clivages et de passer de la contrainte d’une relation d’emprise à une autre, où se découvre la vérité humaine de l’abandon.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 117-129.

Jacques Arènes : psychopathologie du mysticisme et travail du négatif

Si les figures pathologiques du religieux furent, dans les temps passés, issues, d’une part, de la question de la ritualisation excessive (le versant obsessionnel de la religion mis en valeur par Freud) et, d’autre part, de l’hystérisation (le modèle du désir mystique), ne peut-on pas affirmer aujourd’hui que le modèle du religieux est aujourd’hui narcissique ? L’essentiel n’est plus le versant de contrôle (défense contre l’angoisse de mort), de type obsessionnel, du religieux, ou la recherche, sous le signe du manque, de l’objet du désir jamais atteint de la mystique, dans la lignée hystérique, mais une validation toujours inachevée de soi-même, par le biais de la foi, et une lutte corrélative du sujet contre l’angoisse d’abandon et la perte du lien. Dans cette perspective, nous explorons le travail du négatif à l’œuvre dans la mystique postmoderne, dans lequel la performativité du croire navigue entre le vide de l’abandon et les figures de l’espace religieux qu’elle se doit de créer.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 101-116.

Dominique Fessaguet : la mystique du rien

Louise a dix-sept ans, deux fois par semaine, le regard fixé sur un au-delà de ma personne, elle m’égrène les chemins de sa haine : l’ “ abjection ” que sont nourriture, tentation, corps/animalité, féminin. Louise ignore la mort. Elle est entrée dans une quête inlassable du rien, un rien dans la bouche, dans le corps et enfin : le rien. Elle avance fascinée par sa propre emprise dans la découverte de cet “ autre ” espace, l’absolu qu’est le rien et ses moyens d’y accéder. Elle a découvert au décours de la satisfaction hallucinatoire les voies de son rien. Elle mettait en scène la délicatesse et le raffinement de mets en si petites quantités, que là aussi, elle mangeait “ du rien ”. Et c’est ainsi que lui est apparu le rien, et elle a engagé sa montée vers Lui par petites touches, soignant son avancée, dans l’oxymore d’une élation froide.

Le rien, sa “ nuit des sens ” et en même temps son chemin de lumière, n’est pas sans évoquer la quête mystique d’un saint Jean de la Croix et je mettrai en perspective cette “ nuit obscure ” avec le trajet de Louise.

Il s’agira d’examiner les chemins, les impasses, le travail de liaison/déliaison, de désintrication de la pulsion que le choc du “ pubertaire ” a entrainé, l’amenant à une régression profonde. Dans un retournement/détournement de processus psychiques habituellement alliés de la vie, elle s’est abîmée dans le balancement entre satisfaction hallucinatoire et l’anéantissement vers le rien.

Le chemin de Louise nous permet de montrer les profondes ressemblances entre trajet mystique et trajet/travail du “ pubertaire ”.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 89-99.

Philippe Gutton : le paradoxe mystique

L’évolution mystique de Thérèse de Lisieux est examinée à partir du modèle de l’état d’illusion (selon l’approche de D. W. Winnicott). Ce dernier défini par sa paradoxalité “ Moi, non-Moi ”, “ vivre-mourir ”, est fragile sous la menace d’une injonction paradoxale. Toute son enfance, cette menace fut mise en acte par ce que Thérèse nommait après la mort de sa mère “ ses mamans ”. Enfance fort mouvementée qui se révéla mystique lorsque à l’adolescence ses tuteurs d’illusions se condensèrent en “ maman-Jésus ”. “ Conversion ” dit-elle, transfert bientôt consolidé par sa vocation de carmélite et sa doctrine.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 65-88.

Gérard Bonnet : mystique et conversion à l’adolescence

L’auteur aborde l’expérience mystique à partir de récits classiques tels que le mythe de la caverne et la conversion de Moïse pour éclairer des témoignages qui nous viennent de l’écoute analytique la plus courante. Il montre que l’expérience mystique est un moment intense, où le sujet éprouve en un éclair la sensation d’accéder à la jouissance idéale qu’il a imaginée follement dans l’enfance et s’y plonge avec délices sans savoir exactement de quoi il s’agit. C’est aussi le moment où lui reviennent douloureusement les failles et les ombres de ces expériences premières, et où il risque de s’y soumettre corps et âme tellement elles sont indissociables de la jouissance en question, s’adonnant à des symptômes, des addictions ou des passages à l’acte qui sont directement sous leur gouverne. C’est enfin et surtout l’instant où il est obligé d’assumer les conflits qui en résultent s’il veut faire la part des choses entre ces vécus exceptionnels dont il porte l’espérance au plus profond de lui-même et la réalité dans laquelle il est appelé à s’investir aujourd’hui.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 41-63.