Le masochisme est étudié ici dans sa visée identitaire, donc sexuée. Envisagés comme autres façons d’être un homme ou d’être une femme, le masochisme masculin(isant) de la femme et le masochisme féminin(isant) de l’homme sortent du paradoxe et se repèrent dans la dynamique des périodes critiques : ainsi à l’adolescence, le masochisme est souvent le passage obligé de la sexuation, parfois sur le mode initiatique, sauvage ou culturel.
Tous les articles par Admin
Gérard Bonnet : l’œil ou le regard ? à propos de quelques écrits récents centrés sur la question du regard
L’auteur analyse plusieurs articles et ouvrages qui ont été consacrés au rôle capital joué par le regard dans les relations humaines depuis quelque temps. Il en dégage les principaux enseignements et regrette le manque de concertation et d’échange qui les caractérise alors qu’il s’agit d’un sujet particulièrement brûlant. Cela tient sans doute au fait que l’on ne tient pas suffisamment compte des apports de J. Lacan concernant la distinction entre l’œil et le regard.
Nino Rizzo : De la peur de l’amour à l’amour du sida
Depuis les années 80 le sida est devenu une incontournable présence dans l’univers des adolescents et jeunes adultes, présence parfois réelle, le plus souvent psychique. C’est un phénomène social dans son acception quantitative et statistique. Qu’en est-il de son articulation avec la réalité psychique de l’individu ? une sortie semblerait qu’elle dépend de la structure psychique du jeune et qu’elle serait même e de révélateur de cette structure profonde. À travers l’analyse d’une situation clinique au sujet d’un jeune borderline, nous essayons d’illustrer le sens que peut prendre la rencontre avec le sida pour le jeune, sa place dans l’économie psychique de celui-ci, ses bénéfices. Lors de la réflexion théorique qui en suit, l’attention est portée sur la pertinence des concepts de pulsion de vie et pulsion de mort dans la clinique avec les borderline..
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 157-166.
Sophie De Mijolla-Mellor : le séducteur comme passeur
Dans le jeu entre les sexes et les générations, le séducteur est avant tout un “ passeur ” qui va permettre à l’adolescente qui s’embarque avec lui de retrouver à la fois les multiples harmoniques de sa sexualité infantile polymorphe et un rêve incestueux. Ce passage est une retraversée du temps et d’une évolution socialement réglée vers un statut de femme et de mère ; il va en faire à nouveau une petite fille. Passage aussi au sens d’une transgression fantasmatique qui n’est possible que si celle-ci n’a pas eu lieu antérieurement dans la réalité. Car l’inceste n’est pas l’Œdipe mais son écrasement dans un télescopage entre le rêve et le réel.
Houari Maïdi : le beau, le laid, le genre
Narcissique, homoérotique, voire “ féminin ”, l’adolescent est passionnellement attiré par le beau, par la beauté de l’image du corps et tout ce qui entraîne la perception d’une représentation corporelle idéale, c’est-à-dire une image fantasmée, convoité et désirée de soi-même. Toutefois, si l’homoérotisme est inhérent au narcissisme pulsionnel pubertaire, nous faisons l’hypothèse qu’une des formes étiologiques de l’homosexualité, comme genre et comme inclination “ structurée ” de la vie sexuelle, serait liée à l’infantile archaïque et trouverait notamment son essence dans la rencontre esthétique fondamentale de la prime enfance.
Andre-Michel Gardey : Régression et construction après-coup. séropositivité et traumatisme
L’article présente un cas clinique dans lequel une » mauvaise rencontre » dans le réel : l’annonce de la séropositivité, a directement fait régresser le sujet de façon temporelle à ce moment de son adolescence où un mouvement de remaniement psychique avait été stoppé. Il discute la régression vers l’infantile qui s’est faite jour, entraînant la renégociation dans l’après-coup du conflit œdipien qui s’était brusquement figé à la mort du père quand ce sujet avait quinze ans. Il propose l’hypothèse que ceci a pu se rejouer dans un remaniement progrédient où sa propre confrontation à la mort à venir a enfin fourni au sujet l’opportunité qui était demeurée incertaine jusque-là de s’identifier au père à travers la mort, et de renouer une relation filiale, dans une réhabilitation de sa fonction. Quitter un père prégénital grandiose et hors identification, pour construire un père œdipien, idéalisable et structurant, semble avoir été la rançon possible de sa séropositivité.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 147-155.
Olivier Ouvry : l’énigme du féminin côté femme
À travers des exemples cliniques, est abordée la question du Féminin du côté des femmes. La question de “ qu’est-ce que “ la ” femme ? ”, classique du côté des hommes, s’avère partagée aux membres des deux sexes, notamment par les femmes qui se retrouvent en position sexuelle subjective masculine.
Un parallèle entre les quatre positions définies par le croisement des deux positions sexuelles subjectives et des deux sexes anatomiques, et les quatre discours définis par J. Lacan est tenté en fin d’article pour montrer en quoi rien ne peut se dire de la position de la femme.
Eric Bidaud : l’adolescent et la “ scène pornographique ”
Nous nous proposons d’analyser la catégorie de l’“ obscène ” en le définissant comme une fonction, jouant dans l’espace de la relation à l’Autre et de la rencontre des regards un rôle de régulation et de parade en son double sens : exhibition et évitement d’une attaque.
L’adolescent, dans son rapport à la scène pornographique, questionne en même temps qu’il voile le corps de l’Autre, ressenti comme pôle d’attraction mais aussi de menace.
Claude Savinaud : le “ roc du féminin ”, point de butée de la sexualité adolescente
L’abus sexuel dans un cadre intrafamilial de certains auteurs adolescents semble démontrer une difficulté à discerner ce qu’il en est du féminin dans l’objet maternel. Notre propos s’attachera à étudier ici spécifiquement ce facteur :
– L’acte correspond à un “ lâchage ” de la protection assurée à l’enfant par l’image maternelle et/ou la surenchère de l’appropriation du corps ou de la psyché de l’adolescent à des fins de jouissance ou d’objet d’angoisse.
– L’acte répond à un trou dans le système des représentations symboliques délimitées par la loi, ce trou concerne le “ roc biologique ” de la castration, dont la différence des sexes est un signal d’appel.
Marie-José del Volgo : La peur du sida de Saïd : À propos d’Ali
À l’occasion d’une consultation pour une exploration respiratoire où je reçois Ali en tant que médecin, ce jeune homme de vingt-cinq ans va me raconter son mal être et sa peur du sida. Du fait de la mise en oeuvre du dispositif de » l’instant de dire « , de cette position éthique qui consiste à écouter Ali en référence à la méthode analytique, la mise à plat des signifiants m’a amenée à rapprocher sa peur du sida de celle de son frère Saïd, point nodal du réseau associatif de son discours. Au sein d’une médecine techno-scientifique de plus en plus déshumanisante, la psychopathologie clinique et la psychanalyse ont vocation à restaurer la fonction et la valeur éthiques de la maladie et du soin.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 143-146.