Tous les articles par Admin

Patrick Chaltiel : familles et psychiatrie : comment réduire les malentendus

La rencontre entre Famille et Soignants, en psychiatrie, est souvent d’emblée négativement connotée de part et d’autre. Peur, de la part des soignants, du déferlement émotionnel d’ambivalence et des doubles liens, perturbant une démarche diagnostique et thérapeutique classiquement fondée sur la séparation. Peur, pour la famille, de la malveillance accusatrice et culpabilisante qui a longtemps servi à la maintenir à l’écart de la construction thérapeutique.

Pourtant, une approche intégrative : « Thérapie pluri-partenariale » où chaque acteur impliqué doit découvrir ses propres ressources et interroger les mécanismes de sa propre cohérence psychique, présente des bénéfices certains, tant au plan du pronostic social du patient que de la prévention de pathologies secondaires induites par la souffrance de l’entourage… Encore faut-il travailler à éradiquer les préjugés du passé qui ont la peau dure et persistent, de façon sous-jacente, à empoisonner les relations naturelles entre des protagonistes inévitables de tout soin cohérent à visée intégrative et déstigmatisante.

Stephan Wenger : d’une mise au « monde » du psychotique

Les manifestations psychotiques à l’adolescence peuvent présenter un aspect défensif face à la maladie psychotique, un breakdown (Laufer M. et M. E.). Fanny a présenté une activité délirante et hallucinatoire ; ses symptômes ont disparu après deux années de psychothérapie. La technique psychothérapique doit suivre un fil rouge : la conviction que le délirant et l’hallucinatoire appartiennent au monde interne du patient et s’intègrent au récit qu’il fait de lui-même ; le fil associatif de la séance permet de suggérer au patient le rapatriement dans son espace psychique des éléments psychotiques. Une mise au « monde », identité qui se crée, par le psychotique.

Paula Vodickova : autismes et pubertaire

La puberté contraint le sujet autiste au travail psychique et le passage par la corporéité a des effets intégrateurs sur le psychisme. L’autre énigmatique devient la cible des demandes érotisées. La pulsion sexuelle est détournée au profit d’une construction identitaire/narcissique. Le pubertaire autistique trouve son dénouement dans un réel fétichique, en deçà de l’adolescens.

Nicole Catheline : puberté et fonctionnement psychotique : une confusion intergénérationnelle

La symptomatologie de la prime adolescence (treize-quinze ans) suscite de nombreuses interrogations : s’agit-il de l’expression des changements induits par la puberté ou faut-il y voir en germe les prémices d’une pathologie mentale (schizophrénie par exemple) ? La réaction parentale à l’adolescence de leur enfant nous semble un élément déterminant pour tenter de répondre à cette question. En effet lorsque la puberté de l’enfant sollicite trop vivement le vécu de l’adolescence des parents, une confusion intergénérationnelle peut alors se mettre en place obérant les processus de désengagement des liens œdipiens et entravant les processus identitaires de l’adolescent.

Anne Edan, Sophie Gasser, Laurent Frobert : angélique et les trois ours

L’histoire d’une adolescente de dix-sept ans hospitalisée pour décompensation psychotique illustre l’importance de préserver une ouverture diagnostique entre psychose de l’adolescence et psychose débutante en dépit de l’histoire et des symptômes. Les référents infirmiers ont constitué le fil conducteur entre les différents espaces thérapeutiques pour permettre une (re)structuration et une reprise de la symbolisation.

Gianluigi Monniello : actions thérapeutiques en psychothérapie d’aolescents

Comme d’autres constructions psychanalytiques de base, la théorie de l’action thérapeutique est actuellement en plein remaniement, et des théoriciens de convictions diverses proposent des mécanismes différents.

Dans ce domaine de la recherche clinique, l’auteur soutient que la psychothérapie psychanalytique d’adolescents permet de décrire aussi bien les buts du traitement, à savoir les changements, que la technique, à savoir les stratégies susceptibles de faciliter ces changements. Les interventions qui facilitent le changement peuvent être classées dans l’une des deux catégories suivantes: celles qui se servent de plusieurs aspects transformationnels de la relation thérapeutique et celles qui augmentent l’insight et renforcent l’identité.

En particulier le traitement de l’adolescent avec un trouble de la personnalité interroge l’identité du thérapeute qui est engagé spécifiquement dans un processus d’auto-analyse de sa propre adolescence. Le travail de reconnaissance et d’élaboration de ce processus peut se révéler une action thérapeutique fondamentale.

La description de deux vignettes cliniques vient illustrer les différentes actions thérapeutiques en jeu.

Arnaldo Novelletto : adolescence et psychanalyse. confrontation entre modèles théoriques et stratégies cliniques

L’auteur traite du débat toujours en cours au sujet des applications de la psychanalyse à des patients adolescents ; Il présente et argumente différentes thèses concernant les deux types d’interventions thérapeutiques que sont la psychanalyse et la psychothérapie.

François Richard : travail de représentation et processus psychotique

Dans cet article est faite l’hypothèse que le processus de subjectivation, en particulier à l’adolescence, recourt à la fermeté d’un style, qu’il soit de posture personnelle ou artistique, lorsque le sujet est menacé par des attaques psychotiques. On le voit alors intensifier son travail de pensée et de représentation, mais on distingue alors difficilement l’excès de conscience mélancolique, l’angoisse psychotique et un type de sublimation fasciné par le chaos pulsionnel. Une seconde hypothèse est faite concernant, à l’inverse, l’utilité d’une certaine solitude et de compromis masochistes avec l’objet et la réalité.

Un moment de crise d’allure psychotique chez une adolescente relevant d’une problématique névrotique est présenté dans la mesure où la quête de la singularité d’un style y endigue la décompensation.

Le théâtre de l’auteur dramatique S. Kane est ensuite analysé en détail, en effet on y trouve de façon exemplaire le paradoxe d’un suicide succédant à une maîtrise représentationnelle réussie.

Sont enfin discutées les propositions de Freud sur la destructivité masochiste et celles de D. W. Winnicott sur le noyau du vrai Self comme non-communication.

Jocelyn Lachance, Sébastien Dupont : La temporalité dans les conduites à risque : l’exemple du film Fight Club

En 1999, David Fincher signait le film Fight Club, souvent analysé comme une critique à l’égard du capitalisme financier. Mais au-delà de ce discours, ce film est une illustration saisissante des conduites à risque des jeunes, telles que l’anthropologie et la psychologie peuvent les interpréter. Nous proposons ici une re-lecture de l’œuvre de David Fincher, devenu un véritable film culte auprès des jeunes générations d’aujourd’hui. Nous verrons plus spécifiquement comment l’axe temporel occupe une place prédominante dans les expériences du risque auxquelles s’adonnent les protagonistes. Ces conduites à risque apparaissant alors comme des rites de passage, créés par des personnages en perte de repères, destinés à les ré-inscrire dans le temps individuel et social, dans l’histoire individuelle (celle de l’enfance) et la grande Histoire.