Archives par mot-clé : Subjectivation

Jacques Arènes : la création de rites de subjectivation à l’adolescence

Les rites de subjectivation à l’adolescence prennent aujourd’hui une configuration inédite, dans une culture où l’initiation, notamment religieuse, s’oriente moins vers la transmission de contenu, et vise la création de soi et la quête de sens. L’article se propose d’analyser les rites contemporains religieux, ou spirituels, de subjectivation à l’adolescence qui sont plus ou moins liés à l’espace collectif. Ces rites de subjectivation constituent la figure générale de rites de création  de soi, et « d’autoportance » à cet âge de la vie. Ce type de rite se déploie dans une transitionnalité qui est aussi appel à l’autre.

L’exemple de la trajectoire spirituelle d’Etty Hillesum, jeune femme juive morte en 1943 à Auschwitz, dont le journal a eu une immense diffusion, illustre ce thème des rites de création de soi, notamment à travers l’écriture, dans un contexte de « faiblesse » de l’objet de référence du rite, contexte où l’appel à l’altérité demeure néanmoins opérant.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 581-596.

Philippe Gutton : paroles de séminaire

Le terme de politique est depuis longtemps utilisé à des approches fort différentes de la problématique de l’autre à l’adolescence, il est précisé celle de « l’autre institué » (famille, enseignant, compagnon) par ses fonctions sociétales ou institutionnelles. De cette confrontation, il émerge à la fois l’idée d’opposition difficilement opposable et d’étayage. Tout se passerait comme si la fonction du politique contribuerait à localiser, à situer dans l’espace-temps social le désir tel qu’il préside à la subjectivation adolescente.

Le politique serait un attribut statutaire du sujet parental de transfert dans la mission tierce adolescente. Ce dernier, défini depuis Le pubertaire (Gutton, 1991), serait un message singulier de la situation sociale dans laquelle l’adolescent se trouve par nécessité et souhaite derechef évoluer.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 9-26.

Nicolas Peraldi : bad son. social integration put to the test by subjectivation

The clinical account is an indirect approach whose only function is to help one get one’s bearings. Through, or more exactly, in the throughways of a trajectory wherein a young man in the care of Aide Sociale à l’Enfance, in a context of complete failure to achieve social or professional integration, I will try to show how a process of subjectivation was elaborated, allowing this youth to reconstruct his present by the yardstick of his past, to symbolize and to appropriate what had until then only been felt. This text is written as a triptych. The three parts can be read independently of one another, but it is nevertheless in the link between them that the specific nature of the argument I wish to put forth in this article will be developed. Each part refers to a reading, a phase of elaboration. It opens with a clinical vignette, a preamble to the reflection which follows. I could have connected the vignettes in a single sequence and developed my elaboration point by point afterwards. I have preferred this (dis)articulation which, in my opinion, better serves to dramatize the case in question.

revue Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 765-778.

Johanne Rosier : the house of Bernarda Alba : the disavowal of the feminine and the refusal of change

Frederico Garcia Lorca’s drama « The Bernarda Alba’s home » unveils the life of five girls plunged by their mother into an eight years mourning. Adela, the youngest daughter will begin a violent fight against her mother which will seal her femininity’s fate. The central question has to do with the vagaries of the bipartition of the subjectivation between continuity and change.

Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 665-671.

Ségolène Payan : the migratory rite, a hindrance of the process of subjectivation ?

In the traditional societies of western Africa, every year nusmerous teenagers are appointed, ritually, by them peers to be applicants for immigration. The fulfillment of the « mission » which is assigned to them can succeed only in the price of a subjective appropriation of their fate.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 317-324.

Guy Scharmann : on repression in adolescence

The possibility of psychanalysis in adolescence raises the question of the existance of psychoanalysis every time repression is secondary in the patient’s problematic. Using concepts of subjectivation and the subjectivating agent, this article proposes to describe the main principles of a possible practice of psychoanalysis with the adolescent.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 271-280.

François Richard : has the adolescent changed ? we have changed

This article considers the specificity of current adolescent pathologies (ways of functioning using unlimited primary processes, externalization of intrapsychical conflicts, recourse to the act, to violence and to self-calming excitation) from the perspective of the complexity of the Psyche, which is able to combine Oedipal drive conflict with the archaic problematic. These are the modalities of analytic work which must be investigated. Hypotheses about the intersubjective encounter in the session, and about a necessary overcoming of the opposition between narcissism and object relation, are offered in order to foster thinking about alterity.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 67-78.

Guy Dana, Anne Tassel : une clinique non constituée

Dans un temps de mutation technologique l’adolescent contemporain fabrique de nouvelles modalités d’organisation intersubjectives  (SMS, chat, mail, réseaux, etc.) en produisant les figures multiples de ses nouveaux repères. L’auteure nous invite à suivre le moment chaotique de cette évolution, de façon fragmentaire, comme le propose le mode en rupture de l’abécédaire.

Adolescence, T. 31 n°1, pp. 235-238.

Manon Rivière, Marion Haza : d’un fantasme de gémellité à une anorexie mentale : psychopathologie du double

Partant du suivi thérapeutique individuel d’une jeune patiente de treize ans, Clémentine, nous explorerons les retentissements que peut avoir un lien sororal trop fort, et la façon dont il s’avère parfois être un frein au processus de séparation-individuation. Porté à son comble dans le fantasme de gémellité, il en découle un Moi aux contours imprécis, et une poursuite de la relation potentiellement délétère pour un sujet au narcissisme fragile. Indifférenciation des corps et des appareils psychiques, l’anorexie vient faire éclater cette bulle spéculaire, lorsqu’un seul des sujets atteint une puberté physiologique. Dans l’espace de séparation physique et psychique qu’offre le cadre de l’hospitalisation, les entretiens cliniques nous éclaireront sur les modalités de ce passage d’un double vers un soi, et nous aideront à réfléchir sur les enjeux et les limites de la mise en place d’un travail de subjectivation.

Adolescence, T. 31 n°1, pp. 27-36.

Nicolas Peraldi : mauvais fils. l’insertion sociale à l’épreuve de la subjectivation

Le récit clinique est un biais, une voie oblique qui n’a de fonction que celle de servir de repère. Aux travers ou, plus exactement, dans les travers d’une trajectoire d’un jeune homme pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, dans une mise en échec de toute dimension d’insertion sociale et professionnelle, j’essaierai de montrer comment un processus de subjectivation s’est élaboré afin de permettre à ce jeune de reconstruire son présent à l’aune de son passé, de symboliser et de s’approprier ce qui jusqu’alors n’avait été qu’éprouvé. Ce texte est écrit comme un triptyque. Les trois parties peuvent être lues indépendamment l’une de l’autre, et c’est pourtant dans la liaison entre elles que se développe la spécificité du propos que je souhaite soutenir à travers cet article. Chaque partie renvoie à une lecture, à un temps d’élaboration. Elle s’ouvre par une vignette clinique, comme un préambule à la réflexion qui suit. J’aurais pu lier les vignettes en une seule séquence et développer ensuite mon élaboration point par point. J’ai préféré cette (dés)articulation qui répond davantage, selon moi, à la théâtralisation du cas présenté.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 765-778.