Archives par mot-clé : Silence

Romain Gady : du silence des affects à l’agir sexuel violent

À partir du cas de Jérôme, nous soutenons que le silence des affects dans le discours des patients révèle le poids de la répression sur le travail d’élaboration des métamorphoses pubertaires et peut présider ainsi aux surgissements d’agirs sexuels violents. Ces agirs témoignent des aléas du travail d’adolescence. En appui sur les tiers éducatifs et judiciaires, le travail thérapeutique vise alors à la recomposition des affects et la création de nouvelles liaisons sur la scène transférentielle.

Adolescence, 2025, 43, 1, 75-87.

Stella Mitrouska : le silence de l’absence : une situation d’absentéisme scolaire

Le présent article vise à explorer les mécanismes inconscients qui sous-tendent le phénomène de l’absentéisme scolaire dans l’espace intrapsychique de l’adolescent, dans les nouages de ses liens intersubjectifs au sein du lien didactique et les réponses, réactions institutionnelles qui lui sont réservées ainsi que les apports spécifiques du psychologue de l’Éducation nationale.

Adolescence, 2025, 43, 1, 61-74.

Luca Quagelli, Nina Cappelle-Quagelli : avant le silence, une écoute du corps et du cadre

Les auteurs interrogent le rôle et la place du silence dans le travail clinique avec de jeunes adolescents pour qui la fonction réflexive n’a pas pu se structurer de façon suffisamment stable. Pour que ces patients puissent se saisir du silence de l’analyste comme d’un espace-temps qui permet de plonger en soi et de s’écouter parler, un travail préalable est nécessaire. L’écoute du langage du corps et de l’acte, ainsi que du transfert sur le cadre est au cœur de ces traitements difficiles.

Adolescence, 2025, 43, 1, 35-48.

Laurence Kahn, Isée Bernateau, Estelle louët : « enjeux psychiques individuels et collectifs du silence »

Dans cet entretien autour de son livre, L’avenir d’un silence. Déréalisation, refoulement, amnésie des masses, Laurence Kahn qualifie les fonctions psychiques du silence, dans sa dimension individuelle et collective. Le silence qui a pesé sur les crimes du nazisme en Allemagne est au service de la déréalisation des crimes commis. Dans les familles, le silence, qui joue un rôle majeur à l’adolescence, peut être au service de la non-reconnaissance, mais il peut aussi, dans certains cas, être au service de la vie.

Adolescence, 2025, 43, 1, 11-22.

Françoise Weil-Halpern : How to become an adolescent in an hiv infected family

The surge of HIV in the paediatric field shattered the life and future of families. It followed a reverse path with reference to the progress that could have been made in the approach of the consequences of separations, death and illnesses of any one relative, parent or child. It forced us to have new conceptions about life such as : the desire of a child, giving birth and life, bringing up, protecting, guiding, keeping alive, helping to live and helping to die. The mother, one of the children, sometimes the father, all wage a merciless war against the illness, against discrimination, isolation, the secret, pain, fear of death. Confronted to such an earthquake, the author questioned herself on what those infected children may or may not feel at adolescence. Through these clinical vignettes and what children say about themselves, the author tries to show what a tragical ordeal they are confronted to. How do they survive to such a slaughter ? How do they or don’t they achieve theyr task of mourning ? What memories do they keep or are they allowed to keep about their fathers, and/or their mothers ? What kind of personal history will they build therefrom ? What kind of guilt is their stake ? So many questions for which sometimes there are no specific answers ? The recent progress in the therapeutic field brought changes that are both synonyms of hope and of pain.

Laurence Chekroun : there’s a time for everything

Thoughts come to me in session, which I talk about right away, or else store up for days, weeks, or even years. Far from being set aside, they are all around us during the session and frame us. I illustrate what I am saying with the psychotherapeutical trajectory of an adolescent boy, first treated between the ages of thirteen and fifteen years, who then came back to see me at the age of eighteen. There comes a time when it is essential to express those thoughts that have never been mentioned. During the second part of his psychotherapy, when he is having trouble coming regularly to his sessions, I will put them into words.

Laurence Chekroun : il y a un temps pour tout

Des pensées me viennent en séance dont je parle d’emblée ou alors que j’engrange précieusement durant des jours, des mois et même des années. Loin d’être mises de côté, elles sont tout autour de nous durant les séances et nous encadrent. J’illustre mon propos avec le parcours psychothérapique d’un adolescent suivi d’abord entre l’âge de treize et quinze ans, puis qui est revenu me trouver à l’âge de dix-huit ans. Il arrive un temps où il devient indispensable d’exprimer ces pensées jamais évoquées. Durant la seconde partie de sa psychothérapie et à l’occasion d’une difficulté pour lui à se rendre régulièrement à sa séance hebdomadaire, je les mettrai en mots.

Françoise Weil-Halpern : Devenir adolescent dans une famille touchée par l’infection vih.

L’irruption du VIH dans le champ pédiatrique a bouleversé la vie et l’avenir d’une famille. Elle a pris à contre-courant les progrès dans le domaine de la connaissance des conséquences des séparations, de la maladie, de la mort d’un enfant ou des parents. Elle nous a obligé à reconsidérer les notions telles que le concept de vie : désir d’enfant, donner la vie, élever, protéger, guider, maintenir en vie, aider à vivre, à mourir. La mère, un des enfants, parfois le père, livrent un combat sans merci, contre la maladie, la discrimination, l’isolement, le secret, la souffrance, la peur de la mort. Face à ce séisme, l’auteur s’est demandé ce que ressentent, deviennent les enfants infectés ou non à l’adolescence. À travers des histoires d’enfants, l’auteur tente de montrer leur sort tragique. Comment survivent-ils à cette hécatombe ? Comment se fait ou non le travail de deuil ? Quels souvenirs gardent-ils ou sont-ils autorisés à garder de leur mère, de leur père ? Quelle histoire construiront-ils ? Qu’en est-il de la culpabilité  ? Autant de questions pour lesquelles il n’y a pas toujours de réponse. Les récents progrès dans le domaine thérapeutique ont apporté des changements qui sont autant d’espoirs que de souffrance.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 17-29.

Marion Feldman, Malika Mansouri, Marie Rose Moro : être une adolescente juive pendant l’occupation en france : quel devenir d’adulte ?

Cet article montre qu’il est possible d’évaluer chez des adultes, âgés de soixante-seize ans à quatre-vingt-deux ans, les effets psychiques d’événements traumatiques vécus il y a plus de soixante ans. Ici, est présenté le processus de construction d’une adolescente juive entre 1940 et 1945 en France. Au-delà d’une adolescence confisquée, la situation clinique exposée montre les troubles psychopathologiques liés aux traumas cumulatifs : un devenir adulte empêché, un accès à la maternité difficile, une conjugalité et une parentalité en souffrance ainsi qu’un silence pesant. La retraite permet la libération tant attendue depuis 1945, notamment par la reconnaissance collective et le processus de l’écriture.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 601-612.