Tous les articles par Admin

Jean-Marie Delarue : état des lieux de l’enfermement

L’enfermement des enfants, sous toutes ses formes, ne va pas de soi. En référence aux principaux textes de loi et à partir de sa pratique de contrôleur général des lieux de privation de liberté, l’auteur propose ici une réflexion sur les différents motifs, sur les principes en débats et sur les effets contrastés de l’enfermement des mineurs.

Adolescence, 2013, 30, 4, 823-841.

Hervé Hamon : l’adolescence et la justice des mineurs à l’épreuve du néolibéralisme

Cet article se propose d’examiner les mesures « néolibérales » qui ont conduit ces derniers temps à une forte inflexion de la Justice des mineurs, et en particulier à une négation des processus d’évolution des adolescents et du travail d’accompagnement.

Adolescence, 2013, 30, 4, 815-822

Yves Morhain : paradoxalité de « l’enfermement » d’adolescents et de jeunes adultes meurtriers : entre destructivité et créativité

L’actualité de la délinquance qui se signale par l’agression contre l’autre, le semblable, souvent brutale, voire par l’explosion destructrice immédiate, relève de l’archaïque qui renvoie à l’existence subjective du sujet. Les approches judiciaires proposent des formes de rééducation sociale et de prévention, centrées sur l’acte transgressif, désorganisateur et non sur son potentiel refondateur, avec pour conséquence l’« enfermement » de ces adolescents et jeunes adultes difficiles, reproduisant à l’intérieur des murs de la prison une stigmatisation des fauteurs de troubles.

Dans ce qui se révèle une impasse, l’« enfermement » peut opérer et induire la dynamique d’un passage, en instaurant des dispositifs de médiation thérapeutiques qui engagent l’adolescent violent à un travail de ré-élaboration psychique et de relance de sa dynamique subjective, ouvrant l’accès à des satisfactions pulsionnelles constructives, créatives et non pas lieu de décharge pour ces adolescents. Ces espaces de transformation pouvant donner lieu à symbolisation et replacer ces jeunes dans un réseau d’intersubjectivité, dans une communauté d’échanges qui leur permette de se tourner vers un espace de possibilités.

Adolescence, 2013, 30, 4, 797-813.

Jacques Dayan : enfermement des mineurs délinquants

L’enfermement des mineurs est la plus sévère des figures de la peine, et pour les mineurs la plus péjorative en termes de santé mentale, de développement et de reitération. Les aménagements entrepris dans les Établissements pénitentiaires pour mineurs peuvent-ils réduire les effets d’affiliation et de stigmatisation d’une incarcération ? Les Centres éducatifs fermés tels qu’ils sont construits offrent-ils des perspectives favorables à une entreprise pédagogique ? Celle-ci est-elle concevable sans la prise en compte de la dimension psychique de l’acte antisocial ? Nous examinons ces questions dans ce texte dans les suites de l’examen des étiologies supposées de la délinquance.

Adolescence, 2013, 30, 4, 783-796

Jack Novick, Kerry Kelly Novick : maîtrise ou traumatisme : le choix adolescent

Une description complète de l’adolescence peut être faite à partir d’un modèle conceptuel articulant deux types de systèmes, ouverts et fermés. Loin de représenter des catégories diagnostiques, ces systèmes sont des constructions illustrant différents choix possibles, pour l’adolescent, d’adaptation à un moment critique de son développement. Les systèmes ouverts signent l’effort pour transformer le soi, tandis que les systèmes fermés indiquent un besoin de contrôler, forcer, changer les autres. La référence à ces deux systèmes est profondément porteuse pour la pratique et la théorie, notamment parce qu’ils ouvrent à un regard différent sur l’adolescence, dont le but ne serait plus la séparation mais bien la transformation.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 711-724

Paola Carbone, Elisa Casini, Anna Ferrari : once. se rencontrer et se dire adieu

Les Urgences sont un des services sanitaires les plus fréquentés par les jeunes. Deux phénomènes principaux en cause : les accidents et les somatisations. Un point commun : un corps à la fois acteur et victime des troubles et des agirs adolescents. À partir d’une recherche menée dans cinq hôpitaux à Rome entre 2000 et 2002, et notamment au Service des Urgences de San Eugenio, nous proposons une réflexion sur la valeur clinique et la fonction évolutive d’un entretien clinique unique(« once »). En tenant compte des différentes temporalités en jeu dans cet espace de rencontre, comme des expériences de crise et de surprise à l’œuvre, nous verrons comment l’entretien aux Urgences peut devenir l’occasion, le « risque créatif » d’une durée, d’une longue durée dans un instant, mais aussi d’un nouveau point de vue sur l’évènement vécu par l’adolescent, si nous savons accueillir sa temporalité paralysée et lui permettre de s’approprier sa propre histoire de vie.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 687-708

Gianluigi Monniello : amour et subjectalisation

Les parcours possibles des affects de la vie amoureuse, d’abord au temps de la naissance de l’objet, puis comme investissement de soi et de l’autre, pour se poursuivre enfin dans l’amour dit mûr, se télescopent dans les innombrables formes et dans l’intensité de l’amour de transfert. À partir de la dynamique transféro-contre-transférentielle à l’œuvre dans l’analyse d’Antonella, nous verrons comment la clinique illustre les nombreuses vicissitudes traversées par les adolescents, leurs solutions symptomatiques infinies, les innombrables souffrances de leur vie amoureuse, liées à la fidélité à l’identification primaire, à la force de ce lien aimé et haï, mais aussi, en même temps, à la réactivation des processus de subjectalisation et de subjectivation.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 673-686

Yves-Félix Montagne : élèves et professeurs, nouveaux inventeurs, à leur insu

Il s’agit de proposer une lecture du couple emportements des élèves/réponses des professeurs, depuis le champ conceptuel de la psychanalyse, et de considérer ces faits comme des créations pulsionnelles, des trouvailles subjectives de sujets désirants. Ce postulat s’appuiera sur l’élaboration conceptuelle et praxique de Freud et J. Lacan, qui rend compte d’événements analogues aux éruptions des élèves et aux réponses des professeurs, survenant dans la pratique de la cure entre analyste et patient. Une telle position heuristique permettra d’établir l’hypothèse que certains élèves ont recours à l’acting outen cours et que des réponses qui surgissent chez leur professeur sont de l’ordre du « savoir y faire ». Dans cette perspective, les inventions adolescentes et leurs échos adultes sont les témoins d’une réalité scolaire nouvelle qui permet à des adolescents et à des professeurs de se construire l’un avec l’autre. Ces conduites seront pointées par une analyse interprétative du discours des sujets de la leçon quand ils parlent de ce qu’ils vivent.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 659-671

Laurence Chekroun : faut-il un ou une thérapeute pour ce jeune patient ?

Ce texte est issu de discussions et de réflexions entre mon travail de psychanalyste et celui de superviseuse. Je l’ai écrit suite à une discussion avec une assistante que je supervise. Elle me parlait de ses préoccupations concernant des entretiens avec de tout jeunes adolescents très inhibés et silencieux en séance avec elle. Cette difficulté récurrente l’avait conduite à se/me demander s’il n’aurait pas été plus judicieux de les adresser à des thérapeutes hommes ? J’ai alors essayé de réfléchir aux moyens de sortir de l’impasse dans laquelle elle se sentait prise avec eux.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 649-657

Nicole Calevoi, Solange Thiry : les processus psychiques de la médiation : l’« atelier des enveloppes »

Nous interrogeons la pratique et l’articulation théorico-clinique d’un atelier à médiation dans un centre de jour. À travers le cas clinique de Maud, nous vous présentons le travail de collaboration entre l’artiste et les différents intervenants qui effectuent un travail psychanalytique à plusieurs autour de patients difficiles. L’aspect processuel du travail à médiation est complémentaire de l’approche verbale chez ces patients en manque de symbolisation.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 635-648