Tous les articles par Admin

Laurie Laufer : le suicide à l’adolescence : édouard levé, anatomie d’un suicide

Un suicide est un acte énigmatique. C’est un acte hors sens, in-sensé. Qu’est-ce qui fait qu’un sujet ne peut sortir de l’aporie de l’alternative : « la bourse ou la vie » ? Comment dépasser la question de ce choix impossible ? L’être ou le sens ? É. Levé s’est suicidé après avoir écrit un livre qui s’est intitulé Suicide et qui relatait le suicide d’un de ses amis d’adolescence. À travers son livre il tente d’éclairer le mystère même de l’existence et du double qui rejaillit comme un écho imaginaire. Ne serait-ce pas d’ailleurs l’une des questions du suicide ?

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 409-419.

Christine Condamin : figures d’adolescents martyrs et meurtriers chez mishima yukio

L’auteur propose la mise en correspondance des nombreux adolescents martyrs et meurtriers de l’œuvre de l’écrivain Mishima avec sa vie, amenant une réflexion sur le masochisme et le sadisme compris comme l’après-coup d’expériences traumatiques précoces. Tant que Mishima a réussi à sublimer en réalisant une œuvre littéraire, le masochisme a pu être utilisé comme « gardien de vie » dans une tentative de dépassement du trauma et dans l’après-coup, porteur d’un message qui cherchait à s’élaborer, cependant l’écrivain semble avoir été ensuite débordé par le potentiel de destruction des pulsions de mort désintriquées, emporté par un masochisme mortifère jusqu’à faire œuvre de disparition, sans avoir pu panser les blessures narcissiques primordiales, ni la carence d’objet primaire.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 393-407.

David Le Breton : le goût de la syncope : les jeux d’étranglement

La quête du vertige, pouvant aller jusqu’à la syncope est une constante des activités adolescentes sous des formes ludiques (glisse, saut en élastique, etc.) ou douloureuses (alcoolisation, toxicomanie, etc.) mais on la retrouve aussi sous la forme des jeux d’asphyxie, où la syncope est délibérément recherchée. Cet article en propose une analyse anthropologique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 379-391.

François Sauvagnat, Pierre Bonny : un cas particulier de « pari » à l’adolescence : quelques aspects de la prise de risques vis-à-vis du VIH chez des adolescents et jeunes adultes gays

Des entretiens semi-directifs puis libres proposés à des sujets utilisant des sites de rencontre gays ont permis de repérer un certain nombre de particularités des types de paris inconscients, engageant leur fantasmatique propre ainsi que l’histoire familiale, concomitants de la prise de risques ayant conduit à une infection par le virus HIV. Ces entretiens ont également permis à certains des sujets les ayant acceptés un meilleur repérage de leurs choix vitaux, et une relativisation des conclusions ayant déterminé partiellement leur prise de risques.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 361-377.

Catherine Weismann-Arcache : l’adolescent savant : penser la mort pour rêver d’amour

À partir d’une recherche longitudinale portant sur les enfants et adolescents à haut potentiel, je souhaite évoquer le parcours de deux « nourrissons savants » devenus des « adolescents savants », et leur rapport à la traumatophilie et à la mort. Je développerai deux vignettes cliniques : l’une concerne l’enfance et l’adolescence de Blaise Pascal et sa passion mathématique ; l’autre est une étude longitudinale qui rapporte la passion amoureuse vécue par Ariane, une jeune fille surdouée rencontrée à huit ans et quatorze ans. Traumatismes par excès et traumatismes par défaut  fabriqueront nourrissons et adolescents savants, ce sera ma première hypothèse. Ma deuxième hypothèse concerne le mouvement traumatophilique qui vient forcer, voire violenter le processus de séparation : chez l’adolescent savant, la passion amoureuse fait l’économie de la séparation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 347-360.

Emilie Morhain, Yves Morhain : « violon ». la tentative de suicide d’une adolescente : travail de deuil et sublimation

Les auteurs abordent la problématique de la tentative de suicide d’une adolescente en lien à « une mère » défaillante dans sa qualité d’investissement, avec pour conséquence la constitution d’un trou dans la relation d’objet. La tension conflictuelle entre l’attrait objectal et la préservation narcissique a trouvé à s’exprimer par l’acte et le corps chez cette adolescente en grande souffrance identitaire.

Dans une tentative de colmater les brèches narcissiques provoquées par les défaillances de l’objet précoce, le recours à un objet d’addiction (violon) – entre accordage et accrochage –, a permis à cette adolescente d’éviter de se confronter à la perte, au vide en soi, et de mettre à distance tout autre investissement qui pouvait être menaçant pour son intégrité psychique. Les auteurs montrent comment une psychothérapie à médiation va favoriser l’engagement de cette adolescente dans un travail de troc et de deuil en appui sur la sublimation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 331-345.

Florian Houssier : mort du père et impasse de l’élaboration des vœux parricides à l’adolescence

À la différence des vœux incestueux, les vœux de mort envers le parent de même sexe restent dans la sphère fantasmatique et ne sont pas destinés à trouver une voie de  réalisation. Comment élaborer le meurtre symbolique d’un père décédé accidentellement, investi d’une intense ambivalence avant sa disparition ?

C’est la problématique rencontrée par Paul, jeune homme de dix-neuf ans ; les extraits de sa psychothérapie montrent notamment comment le maintien de l’idéalisation d’un père devenu une icône contribue à l’impossibilité d’élaborer cette perte.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 321-329.

Charles Gheorghiev : tentatives de suicide à l’adolescence : entre geste de survie et pulsion de mort

L’adolescence, transition à la dynamique habituellement constructive depuis le monde de l’enfance à celui de l’âge adulte, est parfois source de fragilités de par les remaniements pubertaires inhérents et la réactualisation d’une émergence pulsionnelle mise auparavant en sommeil. Ce mouvement n’est pas toujours porteur de la vitalité attendue, en confrontant certains sujets à une impossible maturation, ouvrant la perspective du suicide comme issue à cette impasse évolutive. Un éclairage original de ce que Freud a pu développer au sujet des mécanismes sous-jacents de certaines conduites suicidaires est proposé ici à travers l’histoire d’une patiente dont la répétition des gestes suicidaires inscrira l’adolescence dans une tension entre un processus mortifère visant à sa destruction et une tentative de survie dans l’ultime réappropriation d’elle-même.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 315-319.

Simon Flémal, Alex Lefèbvre : un travail de l’adolescence impossible : entre mort, délire et création

À travers les remaniements psychiques qu’elle préside, l’adolescence convoque le sujet pubertaire dans la double tâche de s’extraire des passions infantiles ainsi que de faire l’expérience de nouvelles modalités d’accomplissement pulsionnel. Afin de rendre compte de cette implication subjective spécifique au processus adolescentaire, les auteurs proposent le concept de « travail de l’adolescence ».

En se basant sur une vignette clinique, le présent texte développe les principales propriétés de ce travail de l’adolescence. Et ce, dans les circonstances d’une adolescence impossible en raison de l’enkystement d’une problématique archaïque au sein du fonctionnement psychique du sujet. Par le biais des opérations défensives mises en œuvre, telles que l’émergence délirante et la production artistique, le travail de l’adolescence est ainsi investigué dans le cas d’un envahissement maternel traumatique venant perturber la dynamique des enjeux identitaires.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 299-314.

Vincent Di Rocco : « je voudrais pas crever avant d’avoir goûté la saveur de la mort… »

À partir d’une clinique un peu particulière, faite de fragments et de rencontres improbables, avec un adolescent vivant une période marquée par des conduites à risque dans un contexte de violence avant de devenir un professionnel du ski « extrême », je propose d’aborder la question de la mort à l’adolescence, non à partir d’une réflexion sur la perte et le deuil, mais comme une figure essentielle de l’irreprésentable organisant des conduites et des pratiques à risque à l’adolescence. Dans cette approche, la mort réunit les figures de l’inéluctable et de l’aléatoire en confrontant à l’irreprésentable de sa propre mort. D’où une relecture de l’approche classique du risque à travers la notion de conduite ordalique, à valeur d’épreuve narcissique, au profit d’une approche où la prise de risque est considérée comme une tentative de mise en scène d’un rapport intime avec la mort, l’irreprésentable de sa propre mort. Cette dynamique prend corps dans une « clinique de l’instant » où ce qui se vit dans l’acte ne trouve pas son issue dans la réalisation de cet acte. Il s’agit alors d’une tentative confuse d’exprimer, en l’éprouvant, un vécu resté en errance.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 289-297.