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Simon Flémal, Alex Lefèbvre : un travail de l’adolescence impossible : entre mort, délire et création

À travers les remaniements psychiques qu’elle préside, l’adolescence convoque le sujet pubertaire dans la double tâche de s’extraire des passions infantiles ainsi que de faire l’expérience de nouvelles modalités d’accomplissement pulsionnel. Afin de rendre compte de cette implication subjective spécifique au processus adolescentaire, les auteurs proposent le concept de « travail de l’adolescence ».

En se basant sur une vignette clinique, le présent texte développe les principales propriétés de ce travail de l’adolescence. Et ce, dans les circonstances d’une adolescence impossible en raison de l’enkystement d’une problématique archaïque au sein du fonctionnement psychique du sujet. Par le biais des opérations défensives mises en œuvre, telles que l’émergence délirante et la production artistique, le travail de l’adolescence est ainsi investigué dans le cas d’un envahissement maternel traumatique venant perturber la dynamique des enjeux identitaires.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 299-314.

Vincent Di Rocco : « je voudrais pas crever avant d’avoir goûté la saveur de la mort… »

À partir d’une clinique un peu particulière, faite de fragments et de rencontres improbables, avec un adolescent vivant une période marquée par des conduites à risque dans un contexte de violence avant de devenir un professionnel du ski « extrême », je propose d’aborder la question de la mort à l’adolescence, non à partir d’une réflexion sur la perte et le deuil, mais comme une figure essentielle de l’irreprésentable organisant des conduites et des pratiques à risque à l’adolescence. Dans cette approche, la mort réunit les figures de l’inéluctable et de l’aléatoire en confrontant à l’irreprésentable de sa propre mort. D’où une relecture de l’approche classique du risque à travers la notion de conduite ordalique, à valeur d’épreuve narcissique, au profit d’une approche où la prise de risque est considérée comme une tentative de mise en scène d’un rapport intime avec la mort, l’irreprésentable de sa propre mort. Cette dynamique prend corps dans une « clinique de l’instant » où ce qui se vit dans l’acte ne trouve pas son issue dans la réalisation de cet acte. Il s’agit alors d’une tentative confuse d’exprimer, en l’éprouvant, un vécu resté en errance.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 289-297.

Isée Bernateau : mourir d’amour

L’amour et la mort, au lieu de s’opposer, se rencontrent parfois à l’adolescence. Dans Léonce et Léna, de G. Büchner, les héros adolescents éponymes évoquent la mort et les représentations qui lui sont associées, l’enfant mort ou le suicide, au moment où ils se rencontrent et tombent amoureux l’un de l’autre. La mort symbolise et condense la menace de perte que fait surgir la découverte de l’objet génital. Elle est convoquée par l’adolescent pour « refroidir » et contre-investir une pulsionnalité dont il redoute la coloration incestueuse.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 281-287.

Bernard Duez : mort nécessaire et mort suffisante : deux figures de l’initiation à l’adolescence

L’auteur analyse le mécanisme de la construction suicidaire à l’adolescence. Cette conduite est un avatar du fantasme initiateur du retour l’originaire à l’adolescence : l’auto-engendrement en présence d’au moins un autre et son inverse l’auto-destruction en présence d’au moins un autre. Il montre comment l’adolescent convoque l’intrus dans sa dynamique psychique scénalité/obscénalité en confrontant au moins un autre à l’effroi de la mort. Si l’autre ou les autres effrayé(s) demeure(nt) présent(s) l’adolescent peut penser que malgré l’effroi intrusif qui l’habite il demeure humain. Dans le cas contraire, la conduite suicidaire ou meurtrière peut intervenir. L’entrée dans l’adultité nécessite que l’adolescent se confronte à une mort nécessaire, celle qui l’inscrit comme mortel dans l’humanité, et à une mort suffisante pour qu’au-delà des objets d’amours infantiles éternels, il puisse investir des liens de désir par rapport à des objets d’amour périssables.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 269-279.

 

Yves Morhain : le spleen adolescent

L’adolescence est un moment de grande vulnérabilité identitaire en raison des bouleversements internes provoqués par l’irruption du réel pubertaire et des conséquences sur son économie psychique. Cette opération identitaire ne peut se concevoir sans une rencontre incontournable pour tout adolescent avec la question de la mort et son issue.

L’auteur tente d’interroger comment dans une société actuelle mélancoliforme, l’adolescent, en proie au spleen baudelairien, met à l’épreuve ses capacités à survivre à cette expérience de confrontation à la mort dont dépend son devenir psychique de futur adulte.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 253-267.

René Roussillon : précarité et vulnérabilité identitaires à l’adolescence

L’auteur propose une théorie de l’adolescence fondée sur la nécessaire révolution subjective introduite par l’émergence de la potentialité orgasmique liée à la maturation biologique de la puberté. Mais celle-ci est d’abord vécue passivement car « imposée » à l’adolescent par la biologie. C’est dans le travail de réappropriation subjective auquel l’adolescent est alors conduit qu’il faut situer le rapport de l’adolescent à la mort et aux différentes formes que la rencontre avec celle-ci produit. Confronté à la question de la mort, l’adolescent va mobiliser les potentialités de l’agir pour tenter de différencier les registres psychiques menacés de confusion par les aléas de cette rencontre et tenter d’introduire des limites en s’étayant sur celles du corps.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 241-252.

Vincent Cornalba : controverses

La revue Adolescence fut aussi le lieu de controverses. À travers elles, c’est l’enjeu d’une continuité de l’œuvre théorique dans le champ clinique de l’adolescence qui fut visée. La confrontation des pensées assurait le contexte indispensable à la remise sur le métier de notions que la clinique ne saurait entériner une fois pour toutes.

C’est par l’évocation de deux colloques, l’un sur l’homosexualité, l’autre sur la psychose à l’adolescence, que cette question est abordée. La convocation d’auteurs de référence, aussi bien dans le champ de l’adolescence que dans celui plus restreint de la revue, complète ce survol des notions de controverse et d’engagement. C’est, à travers elles, les questions des valeurs techniques et personnelles du thérapeute qui sont également évoquées.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 189-205.

Sydney Levy : l’adolescent né de la terre : figure du politique

Le redressement (Aufrichtung) postural de nos ancêtres inaugure selon Freud le procès lié à la Kultur. Cette verticalisation renvoie à un rituel en lien avec le rapport à la terre (et par ailleurs universel) : le père élève au-dessus du sol son fils pour le reconnaître. Les céramistes athéniens figurent ce dernier sous les traits d’un adolescent et la philosophie dessine à travers ce geste une structure politique originaire. L’auteur propose de voir dans la double valence (reconnaissance et soumission) intrinsèque qui tisse le rapport entre ce père arbitraire et ce fils adolescent une sorte de métaphore de la naissance du politique. Il s’agit à la fois de repérer la violence inhérente au projet politique et sa nécessaire gestion collective, violence liée à cette ancienne connivence avec la Terre des origines dont il faut bien s’affranchir.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 179-187.

Stephan Wenger, Fulvia Raiola : cheval de troie

François et son père, portant le même prénom, forment un duo au fonctionnement paranoïaque. Avec l’arrivée du pubertaire, ce système a décompensé. François a été traité en Centre Thérapeutique de Jour. La psychothérapie psychanalytique institutionnelle offre une souplesse indispensable offrant notamment des opportunités d’adaptation de cadre salutaires. Ce travail en équipe a permis de développer une approche particulière de cette famille.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 171-178.

Jacques Vargioni : une grève de la faim en blanc et noir

À la suite d’une anorexie post-traumatique sévère, Imane, dix-sept ans, entama une psychothérapie analytique en institution dont les débuts furent chaotiques. Un rêve, dans lequel figurait un fantasme d’ingestion de lait noir maternel, permit d’engager une mutation. Le transfert servit de support à la mise en mouvement et à l’élaboration d’une série complexe d’identifications à l’agresseur.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 159-169.