From a reading of Freud, this article focuses on the notions of idealization, ideal formation and Ego Ideal. The post-Freudian distinction between Ego Ideal and ideal ego is made explicit. The article concludes by distinguishing between idealization and sublimation.
RPG and MMORPG-type video games offer adolescents the opportunity to redynamize their belief processes, which have been blocked by archaic conflicts reactivated in puberty. They seem to help soothe the depressive affect proper to the pubertary through an manic investment of the virtual universe ; this enables the adolescent to invent a grandiose self, and to work at reconstructing a self that is grieving for childhood.
The adolescent approach to the religious takes on an unusual aspect in our world-weary time when religiosity plays out everywhere, far from dogmas and churches. Adolescent ways of broaching the ideal are also varied. They go along with a strange solitude, with regard to current heterogeneity of the religious object, but can also swing towards more rigid, even fundamentalist, positions. They are most often complex, split, doomed to an autarchic creativity. This article provides illustrations of the paradox of adolescence in the contemporary universe, where rigidity and fluidity by turns attempt to deal with a religious object that has become diffuse and elusive.
In this issue, « Ideal and idol », the authors have tried to analyze the different variations that help to understand the dynamic of the relationship between idol, ideal, religious ideal. They cover the relations between incarnation and de-idealization, the transforming power of the ideal, and the « religious moment » of the Ego. By focusing on his historical figure the myth of an ideal, eternal youth, Michael Jackson compels us to reconsider the postmodern function of the idol in adolescence.
Cette recension de l’ouvrage collectif dirigé par Sébastien Dupont et Hugues Paris souligne la part de l’évanescence portée par l’adolescente, explorée et exploitée par le cinéma contemporain. L’adolescente apparaît comme l’expression de ce qui échappe à la saisie complète. Les différentes figures de l’adolescente, mises en exposition par l’œuvre cinématographique, témoignent d’un effet de diffraction qui n’est pas sans lien avec l’expérience pulsionnelle, telle qu’elle s’impose au sujet.
L’existence de Michael Jackson s’apparente à un long one man show qui s’est achevé alors qu’il avait tout juste cinquante ans. Qu’a pu représenter, en premier lieu pour lui-même, cette adolescence de star à laquelle il fut convié ? Simultanément en effet, les transformations physiques de la puberté vont être pour lui génératrices d’angoisses massives, responsables d’attaques virulentes et renouvelées contre son propre corps, jusqu’au point de produire une véritable déstructuration de son apparence physique. L’impossibilité d’assumer ces éléments inhérents au pubertaire fut toutefois partiellement contrebalancée par la valeur sublimatoire de sa créativité artistique. Ainsi le moonwalk, véritable signature de l’artiste, expression agie et performée, pourrait être la traduction d’un scénario fantasmatique étroitement intriqué au traumatisme de la puberté et à la castration maternelle. Le recours à un phénomène « d’extimisation » de la réalité interne aurait ainsi réussi à produire une actualisation sublimée de fantasmes ainsi transfigurés au plus vif de sa création esthétique.
Michael Jackson est devenu au fil de sa carrière une icône planétaire de la musique pop. Son parcours et surtout ce qu’il a montré dans ses vidéo-clips nous permettent de faire ressortir deux aspects centraux pour illustrer l’impasse de l’élaboration du processus adolescent sur fond d’échec de l’intégration du corps génital : l’échec de la rencontre sexuée, sur fond de phobie des femmes, et la fétichisation du corps par l’élection d’organes isolés comme forme de maintien du corps infantile omnipotent articulé au déni de la castration.
Michael Jackson figure une adolescence éternelle, rejoue le scénario d’une individuation pénible et inaccessible. Ses métamorphoses se font l’écho des transformations psychiques et physiques des jeunes pubères. Son mythe fortement imprégné de ruptures généalogiques, évoque un personnage en prise avec un puissant désir d’auto-engendrement. Son polymorphisme maximise les possibilités identificatoires des adolescents, et sa médiagénie favorise son appropriation sur le mode de la revendication sociale. Sa capacité à incarner la toute-puissance le place comme un formidable support de projection, faisant écho aux désirs narcissiques des jeunes.
En analysant le clip« Thriller »de Michael Jackson, nous proposons une discussion de la métamorphose adolescente. Par une extraordinaire fiction de soi liant des références cinématographiques au mythe et à la science-fiction, il démontre, en un geste postmoderne radical et transgressif, l’inanité des oppositions telles que homme-femme, ange-démon, homme-animal, vivant-mort, réalité-fiction – autant de couples dont il fait voler en éclats le pouvoir structurant. Que dire d’un corps dont la fonction première semble avoir été de passer de transformation en transformation, de se métamorphoser en de toujours nouveaux dépassements héroïques, pour rejouer la métamorphose adolescente qui est marquée, ici, par une négativité tragique ?
L’autre humain adulte reprend la conceptualisation travaillée jusqu’alors du « sujet parental de transfert ». Il représente l’adultité reflétant l’emprise de la deuxième topique. Son humanité exprime sa motivation pour participer aux processus pubertaires en cours de sublimation. Ainsi peut-il étayer l’interprétation par l’infantile déjà là du pubertaire innovant et la création subjectale adolescente. Cette proximité du lien n’est pas sans risque.
Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 949-964.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7