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Odile Falque : mystique du quotidien avec etty hillesum

La mystique, on ne peut pas en parler et on ne peut pas ne pas en parler. Elle consiste à rester dans l’illusion et la tension des paradoxes particulièrement la vie-la mort, à travers une reprise des processus d’adolescence qu’Etty Hillesum situe à partir de la puberté. Celle-ci renvoie à l’originaire et il s’agit d’en sortir. C’est tout l’enjeu de sa rencontre avec son psychologue, Julius Spier, rencontre tout d’abord érotisée, dans la transgression, puis idéalisée et sublimée, dans la découverte à la fois de la capacité d’être seul, de penser, de rêver, de prier, pour tous deux, chercheurs de Dieu.

L’expérience mystique s’enracinerait autour de la jouissance, la transgression et la mort.

“ Mystique du quotidien ” peut se dire dans l’économie psychique du sujet dans des mouvements d’hyperinvestissement libidinal, de désinvestissement et de réinvestissement dans la réalité du quotidien, qui apporte une énergie renouvelée, pour elle l’approfondissement et l’élargissement de l’espace psychique et spirituel, le souci des autres, la mission à accomplir et le témoignage à porter.

Tel a été le cheminement d’Etty Hillesum, mystique restée “ en marche ” vers la mort, la survie, à suivre dans son Journal, Une vie bouleversée, écrit entre 1941 et 1943, d’Amsterdam à Auschwitz.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 23-39.

Serge Lesourd : l’incontournable passion mystique de l’adolescent

Le temps psychique de l’adolescence confronte nécessairement le sujet à la désidéalisation des dieux infantiles, ceux que l’enfant se crée du fait de sa dépendance fondamentale. Or le lien social postmoderne a changé le statut des dieux sociaux, faisant de la passion mystique adolescente non plus une “ assomption ” symbolique de ceux-ci, sous la forme d’un Idéal du moi intériorisé, mais une “ incarnation ” dans la réalité des dieux qui soutient un moi-idéal en conformité avec la divinisation de l’humain que prône le libéralisme postmoderne. La passion mystique de l’adolescent prend donc des nouvelles formes dont témoigne la psychopathologie actuelle de l’adolescence.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 9-21.

Ignacio Melo : notes de lecture sur « constructions et interprétations à l’adolescence : du futur antérieur au passé re-composé » de d. hirsch

À partir d’une lecture de D. Hirsch sur « Constructions et interprétations à l’adolescence : du futur antérieur au passé re-composé » l’auteur développe l’idée d’une forme de construction particulière au travail analytique avec les adolescents, qui fait face aux clivages fonctionnels des régimes de fonctionnement tout autant qu’aux contenus qu’ils véhiculent.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 1039-1049.

Denis Hirsch : constructions et interprétations à l’adolescence : du futur antérieur au passé re-composé

Les transferts à l’adolescence ne sont pas que régressifs et infantiles, mais aussi progrédients et pubertaires. L’économie traumatique pubertaire requiert un temps de construction d’un espace intermédiaire à partir d’une narrativité partagée transformant les éprouvés pubertaires non figurables en scénarios partageables. Les récits de l’adolescent sont repris telles des créations à ne pas interpréter en soi, du moins dans un premier temps. Les constructions de l’analyste sur cet objet narratif intermédiaire laissent ouverte la possibilité d’une reprise interprétative, trouvée-crée par l’adolescent, sans avoir à statuer sur son origine, dans un jeu de maîtrise active pour celui-ci.  Ce temps est nécessaire pour assurer une identité narrative subjectivante. Le risque d’un clivage des transferts narcissiques et objectaux, et d’un évitement du travail interprétatif « classique » est souligné. Le travail de construction implique chez l’analyste un travail contre-transférentiel sur l’adolescent dans l’analyste et sur ses « théories sexuelles adolescentes ».

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 1027-1037.

Stéphane Grisi : un soir à l’opéra

L’article retrace la participation de cinq adolescents à une trajectoire thérapeutique ambulatoire pendant dix-huit mois. Ce parcours de soin associe plusieurs groupes thérapeutiques qui ouvrent des espaces de narration à partir d’une médiation culturelle initiale. Accompagnant et prolongeant la production d’un Opéra de Musiques Actuelles, l’organisation de mises en récit potentialise les processus de symbolisation.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 1019-1026.

François Marty : la violence comme expression du mal-être à l’adolescence

Dans cet article, l’auteur appréhende la violence à l’adolescence comme l’expression d’un mal-être spécifique à cet âge, où le sujet se trouve en prise à des sentiments de persécution. Il distingue ainsi « la paranoïa ordinaire de l’adolescent » – paranoïa qui signe l’entrée « normale » dans l’Œdipe pubertaire  – de la paranoïa proprement dite, pathologie qui s’installe à l’âge adulte. Il rappelle enfin le rôle de l’environnement dans sa capacité à supposer les attaques destructrices de l’adolescent.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 1007-1017.

Yves Morhain, Stéphane Proia : féminin et féminité à l’épreuve de la banlieue

À partir du postulat d’une révolution sexuelle post-soixante-huitarde ayant entraîné ce que M. Tort appelle la « fin du dogme paternel », nous proposons d’envisager les banlieues comme des îlots de résistance s’érigeant contre la fin de l’inégalité érotique à l’avantage du masculin. Au-delà de la féminité sous contrôle comme valeur partagée, c’est la sacralisation de la virginité féminine en tant que garante de l’honneur familial qui continue de se perpétuer au cœur des cités, tandis qu’en parallèle la postmodernité ambiante s’engage vers l’indifférence des sexes. Ce choc entre deux univers symboliques vient ainsi redoubler les conflits inhérents aux effets d’après-coup du processus d’adolescens. Nous considérons que le refus du féminin chez l’adolescente et la haine du féminin chez l’adolescent, résultent d’une même traduction de messages énigmatiques de l’autre adulte, intégrant la sexualité féminine comme potentiellement déshonorante et toujours non honorable, et d’autre part d’un environnement humain « insuffisamment bon » à transmettre des voies d’accès à la symbolisation.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 983-1005.

Vincent Cornalba : je, net et tchatche

Le statut de la parole, à l’orée de l’adolescence, traduit le mouvement identitaire contradictoire à partir duquel se construit le Je. L’identité idem et l’identité ipse constituent les deux pôles à partir desquels s’énonce la certitude d’une définition subjectale. Un Je que l’adolescent interroge en bousculant les règles du langage, mais aussi en se choisissant des procédures particulières auxquelles les nouveaux modes de communication lui permettent de donner forme.

À partir d’une séquence clinique, l’auteur parcourt les conditions de ce travail identitaire à l’adolescence. Il est, par essence, autoconstruction. L’auteur insiste finalement sur l’importance d’un « aller sans but » psychique dont la thérapie analytique apparaît comme la matrice naturelle.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 971-982.

Béatrice Mabilon-Bonfils : que disent les adolescents quand ils parlent … ? « Jeudid aguoila ! »

Le langage des adolescents est symptôme, à la fois nécessité interne d’une élaboration psychique et inscription culturelle et sociale de pratiques symboliques. Les pratiques linguistiques ne peuvent se réduire à des ruptures de codes, mais constituent une langue de transit qui dit autant le besoin urgent de communiquer que le besoin – encore plus impérieux –  de ne pas être trouvé, pour faire face aux bouleversements physiques, psychiques et sociaux qui les animent. Le parler adolescent devient alors un lieu où le désir du sujet peut parvenir à se dire, hors la langue maternelle et le langage peut être conçu comme une représentation métonymique de l’identité en gestation.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 959-970.

Dany-Robert Dufour, Marilia Amorim : langage et adolescence

Les auteurs considèrent le langage comme étant le lieu où les sujets tissent et retissent leur identité. Ils examinent ce que la post-modernité actuelle est en train de changer dans nos façons de parler. Ils font l’hypothèse qu’une novlangue est en cours de constitution, susceptible d’influencer grandement les conditions de la subjectivation et de la socialisation, au moment-clé de l’adolescence.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 941-957.