Cet article tente de mettre en évidence la fonction de la sublimation comme création pour parer à l’impossible du rapport sexuel chez l’adolescente. Il s’agit d’une part, de revisiter ce concept à partir de la théorie freudienne puis de l’apport lacanien en ce domaine et, d’autre part, de saisir son articulation au fantasme et ses points de divergence.
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Gisèle Chaboudez : le temps logique de l’adolescence
Maintenant qu’il existe en psychanalyse une logique susceptible d’identifier les temps de la formation d’un sujet comme d’une névrose, on vérifie que l’adolescence est un temps logique déterminant. Moment de la prise rétroactive du fantasme, il est aussi celui de la découverte de l’orgasme qui constitue ce que J. Lacan appelle une maturation de l’objet a. Le rapport sexuel découvre sa non-conjonction chez l’homme et chez la femme, dont l’effet est de castration pour les deux partenaires, répétant la castration symbolique issue de l’Œdipe.
Didier Lauru : La folie du toucher
La crainte du sida complexifie la rencontre amoureuse et bouleverse les rapports des adolescents dans leurs premières approches de la sexualité. La folle envie de toucher l’autre, incarnée magnifiquement dans l’idéal amoureux, peut en être empêchée. L’auteur émet alors l’hypothèse que les adolescents en viendraient à répéter phylogénétiquement les différents stades de l’amour courtois.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 133-141.
Gérad Pirlot : “ solus ipse ”
Évoquant les souvenirs solitaires d’un patient orphelin utilisant l’analyse pour conforter sa solitude, l’auteur examine les liens entre résistance transférentielle, traumatisme narcissique précoce lié à la perte du père, difficulté d’introjection des pulsions sexuelles et narcissisme moral. Certains textes du jeune A. Rimbaud illustrent également ce narcissisme moral qui utilise volontiers la solitude comme pratique masochique pour colmater les failles narcissiques d’un Moi n’ayant pu harmonieusement introjecter pulsions sexuelles et imago paternelle.
Serge Lesourd : le féminin à l’adolescence : constitution d’un lieu
En s’appuyant sur une cure d’adolescente, l’auteur interroge une découverte fondamentale du temps de l’adolescence : celle de la féminité en soi, jusque-là ignorée du sujet, tant pour le garçon que pour la fille. Cette “ féminité en soi ” s’inscrit pour le sujet, hors de ce qui l’a constitué enfant en tant qu’être sexué. La sexualité infantile s’appuie sur le primat du phallus qui borne le rapport aux autres. L’adolescent, sous la poussée pubertaire, en vient à refuser ce primat phallique comme régulateur du rapport au monde, comme limite de la sexualité, comme point d’arrêt de la jouissance. Cet “ au-delà ” de la dimension phallique correspondant à la féminité en soi, qui est un mode de jouissance non entièrement marqué de la limite phallique, un passage obligé par la logique inconsciente pour constituer une relation amoureuse hétérosexuée. La rencontre de LA différence, celle qui résume toutes les différences, n’est pas sans difficulté pour les adolescents. Ce détour par le féminin, errance nécessaire, peut aussi être la cause d’errances sociales et psychiques importantes pour les jeunes.
Brigitte Dutillieux, Caroline Lebrun, Bérengère Porret : Sida : sésame pour fil santé jeunes
Cet article expose de quelle façon le thème du sida est abordé et utilisé par les jeunes qui appellent Fil Santé Jeunes (numéro vert généraliste). Le sida y apparaît plus comme figure de déplacement qu’en tant que maladie réelle ; sont distingués les productions fantasmatiques ordinaires liées à la problématique pubertaire et les montages pathologiques de jeunes adultes. Même dans les appels ludiques, l’écoutant tient compte de la réalité de l’épidémie et est attentif à la dimension de prévention.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 123-132.
Philippe Gutton : le pubertaire savant
La construction identitaire est mobile et présente ; le qualitatif important d’être sexuelle. Infantile phallique d’abord ; à la puberté des remaniements majeurs s’opèrent du fait des expériences pubertaires. L’auteur décrit cette “ métamorphose ” dans de nombreux travaux ici rappelés et résumés. Il met l’accent aujourd’hui sur l’organisation que constitue l’autre ; quel autre ? L’inconscient de l’autre dans la séduction amoureuse.
Dominique Agostini : les concepts de “ capacité d’être seul ” (d. w. winnicott) et de “ se sentir seul ” (m. klein)
L’auteur explore, au travers de leurs études sur la solitude, les divergences Klein/Winnicott, notamment en ce qui concerne le rôle de l’objet externe et la pulsion de mort. Il met en relief à quel point les tonalités de ces études sont différentes. Winnicott envisage la capacité d’être seul du côté de l’extase. Sa conception, plutôt optimiste, reflète les joies de la solitude partagée. Klein ne se départit, par contre jamais, d’une tonalité de désolation et de nostalgie au sein même d’une non-résignation et d’une profonde authenticité.
Christian Bonnet, Stéphanie Pechikoff : guenièvre en ses blasons
Si l’enfant construit son identité à partir des bouts de discours le concernant qu’il attrape dans l’environnement winnicottien, l’adolescent accèderait à une identité sexuée à travers un processus que nous proposons de nommer “ blason ” : des fragments du corps, érotisés par le jeu des pulsions partielles, se verraient par ce processus affectés à un ensemble constitutif de l’identité sexuée. Le cas d’Akira, qui capture grâce à l’appareil photo de son téléphone portable des bouts du corps de son amie, permet d’interroger cet aspect blasonné de la construction de l’identité sexuée du sujet, voire de l’objet, à l’adolescence.
Hubert Lisandre : Prévenir l’ange ?
Bien que le » jeune homosexuel » ne constitue pas un risque spécifique au regard de la contamination du VIH, il peut être étudié comme figure privilégiée des enjeux psychiques qui guideront la prévention effective, notamment dans son rapport au père (œdipien). Extraite d’une recherche sur la dimension inconsciente de la prévention, l’analyse du discours de Gabriel permet de mettre en évidence un » angélisme » problématique, qui peut être considéré comme facteur de risque réel, et interroge en retour les politiques de prévention actuelles, ainsi que la position du psychologue face au » jeune « , sur le chapitre de la sexualité.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 105-122.