Tous les articles par Admin

Laurence Chekroun : l’évolution d’une adolescente psychotique en psychothérapie

À partir des théories de E. et M. Laufer sur l’adolescence et celle de G. Haag à propos du développement normal des bébés, cet article propose des réflexions concernant l’évolution d’une adolescente en psychothérapie après une « cassure du développement » et l’apparition d’un délire au moment de la puberté.

Joëlle Bordet : l’amitié est rare dans la cité

L’amitié que les adolescents développent dans les situations “ de fixation ” au sein des cités est souvent influencée par leur milieu de vie. L’auteur pointe les différences de vécus chez les garçons et les filles et insiste plus particulièrement sur la nécessité de constituer avec ces jeunes des lieux de rencontre protégée, source d’élaboration. Enjeu éducatif fort pour lutter contre leur peur de l’extérieur mais aussi la peur des relations entre eux.

Walter Ernesto Ude Marques : amitié bandite : jeunesse, violence et masculinité

Cet article prend appui sur une recherche menée auprès de jeunes en régime de semi-liberté bénéficiant d’une prise en charge socio-éducative à Belo Horizonte, au Brésil.

Ces adolescents vivent dans un monde belliqueux où l’ethos guerrier est dominant, associé à l’idée que la virilité ne comporte pas d’affect. Construction imaginaire et réelle du monde moderne qui aliène la virilité à la violence. Le bandit n’a pas d’amis, l’amitié ferait partie du territoire du sacré.

La création d’espaces privilégiés, de dialogue, permettrait de déconstruire la virilité violente et ses rapports de domination pour que l’amitié ne soit pas bannie des rapports entre les êtres humains.

Pascal Le Maléfan : Georges-Arthur Goldschmidt, un adolescent orienté par “ l’amitié des livres ”

L’objet de cet article est d’illustrer une hypothèse sur le rôle de la lecture à l’adolescence comme vecteur de subjectivation. Alors que l’écrit semble délaissé, il est essentiel de soutenir qu’une rencontre avec un texte et son auteur ont des effets psychiques, pour peu qu’il y ait les conditions pour instituer de l’Auteur, soit une position externe d’exception qui fait précession. Cette opération aurait des similitudes avec les dimensions imaginaires et symboliques du stade du miroir.

L’autobiographie de l’écrivain-traducteur Georges-Arthur Goldschmidt dans laquelle il explicite son rapport à la lecture durant l’adolescence nous paraît illustrer ces dimensions.

Eric Bidaud, Olivier Ouvry : adolescence, vêtement et visagéification

Parce que le Moi ne peut être qu’une image projetée du sujet à travers ses multiples représentations, ses diverses “ vêtures ”, il ne peut se soutenir imaginairement que par l’Autre, le regard de l’Autre. Le vêtement et sa problématisation à l’adolescence sont une manière de se ressaisir du regard de l’Autre, à la recherche renouvelée (comme un après-coup du stade du miroir) de l’assentiment, de la confirmation de son image du côté de l’Autre. C’est ainsi que le rapport de l’adolescent au vêtement peut être conçu comme un temps nécessaire de recombinaison des regards, afin de construire ce que nous nommons du visage, au cœur de la difficile rencontre des regards. Aussi proposons-nous de penser le vêtement comme le lieu d’un processus de “ visagéification ” qui affecte sujet et objet, processus par lequel se rejoue et se dialectise le croisement des regards.

Ignacio Melo : notes sur l’hallucinatoire

Le devenir des troubles psychotiques pubertaires dépend de l’utilisation que l’adolescent et l’environnement thérapeutique vont faire de leur hallucinatoire. Lorsque celui-ci est déployé et travaillé dans la relation analytique, la partie narcissique des identifications primaires reste préservée et il ne devient plus indispensable d’opérer un désinvestissement de l’Inconscient comme Freud le postule dans le cas du président Schreber et dans la schizophrénie. L’hallucinatoire devient alors un outil précieux pour la sauvegarde et l’élaboration de désirs, dont la mise en mots permettra d’alléger l’économie du fonctionnement psychique de l’adolescent. Deux exemples cliniques illustrent ce propos.

Philippe Gutton : culture d’amis

Développer le thème de la culture entre amis est mettre l’accent sur les idéaux communs se construisant en cette occasion. Dans un premier chapitre “ cette culture adolescens ou intersubjectale ” est différenciée de “ la psychologie des pères et des mères ” intergénérationnelle. Elle contribue à construire les communautés adolescentes de référentiel a-familial.

Il convient de distinguer groupes de pairs et communautés d’amis. Les premiers sont en dialectique de classe avec les institutions. Les secondes ont des relations intercommunautaires inter et intragénérationnelles. Ces points de vue théoriques se terminent sur l’analyse de l’amitié adolescente de Paul Cézanne et Émile Zola et son devenir.

David Le Breton : entre jackass et le happy slapping un effacement de la honte

La loi paternelle fondée sur l’interdit cède à une présence maternelle axée plutôt sur la confiance et propice à l’hédonisme. L’adolescence contemporaine est un monde marqué par la mère, par l’absence de limites, régressif. Le souci de perdre la face, d’éprouver honte ou responsabilité face à ses comportements n’est plus à l’ordre du jour. Au contraire, les adeptes de Jackass ou du happy slapping sont de parfaites illustrations de l’individualisme contemporain et de l’indifférence à l’autre. Leur moi est sans autrui auquel il pourrait rendre des comptes.

Stéphane Bourcet : psychose aiguë, schizophrénie débutante et adolescence

L’évolution des psychoses délirantes aiguës vers la schizophrénie est loin d’être majeure et représente en fait une minorité de cas. Cependant, il est indispensable de prendre en charge et de traiter tout épisode délirant aigu pendant une durée de un à deux ans après rémission symptomatique, le suivi spécialisé permettant de poursuivre l’observation et l’évaluation du patient, et préciser le diagnostic qui peut être celui d’un trouble de l’humeur.

Maurice Corcos, Emma Sabouret, Denis Bochereau : sublimations à l’adolescence “ de bruit et de fureur ”

Le rap comme art et voie sublimatoire, au même titre ou à l’instar de l’activité intellectuelle ? Cette création sonore et scénique, forme nouvelle d’expression, d’échange ou de communion, apporte à qui veut l’entendre une possibilité supplémentaire de rencontrer la psyché adolescente contemporaine. Économes de perspectives sociologiques, nous approfondirons plutôt les enracinements corporels et soulignerons les potentialités élaboratives du rap. Reste que ses voies, méandres, oscillations, bifurcations et trajectoires diffèrent et s’éloignent, irréductiblement sans doute, de celles des générations précédentes.

Notre univers reste cependant commun ; de plus en plus interconnecté, enchevêtré, interpénétré. Ère formidable, où l’ado est de plus en plus dans l’adulte, davantage qu’ailleurs.