Suite à l’épidémie du VIH/sida, des enfants se sont retrouvés infectés, en particulier par transmission du virus de la mère à l’enfant, mais, grâce aux progrès des traitements antirétroviraux, plusieurs de ces jeunes sont aujourd’hui des pré-adolescents et des adolescents. Une étude exploratoire auprès de neuf adolescents Montréalais vivant avec le VIH/sida permet de dégager les problèmes particuliers qu’ils rencontrent : répercussions entourant l’annonce du diagnostic d’infection, préoccupations touchant le dévoilement à l’entourage, en particulier le groupe des pairs, craintes liées à l’établissement des relations intimes ou aux projets de parentalité ainsi qu’à l’exercice de la sexualité et la prévention. Cette étude exploratoire met en évidence certains des enjeux auxquels ils sont confrontés dans leur développement psychosexuel.
En pleine expansion chez les jeunes, en particulier chez les jeunes femmes de tous les milieux, le marquage corporel est devenu, au fil des ans, un phénomène qui intrigue et questionne tout à la fois. Au-delà du désir de conformité sociale qui caractérise les jeunes, quelles réalités psychiques conduisent certains d’entre eux à répéter encore et encore les pratiques du tatouage et du perçage corporel alors qu’ils y font, à chaque fois, l’expérience de la douleur physique? Est-ce que seule la marque laissée sur le corps fait de cette douleur physique l’expérience à vivre et à dire? Développée grâce aux données de la documentation portant sur le développement psychosexuel, le marquage corporel et le masochisme, la position adoptée dans cet essai veut que la douleur physique du marquage soit à situer dans le contexte du développement psychosexuel normatif de l’adolescence plutôt que celui de la perversion. Plus spécifiquement, la thèse développée veut que la douleur physique du marquage vienne s’associer aux souffrances psychiques de l’adolescence et ce, afin de leur donner sens et de les maîtriser.
Les scarifications de l’adolescent posent des questions concernant ses limites physiques et psychiques, limites entre son espace interne et son espace externe. Mais elles interrogent aussi le narcissisme et la représentation du corps. À l’aide d’entretiens réalisés auprès d’adolescents suicidants, le présent travail approche la mise en scène dans le réel de la conflictualisation psychique. Grâce aux scarifications, les adolescents parviennent à symboliser des frontières dans l’espace, dans le temps et dans leur relation aux autres. Seul l’après-coup permet un travail psychique et la remise en route de « l’appareil à penser ».
Cet article cherche à approfondir notre compréhension psychanalytique d’une tentative de suicide chez une adolescente. L’acte suicidaire est à appréhender comme la mise en acte d’un fantasme suicidaire. Après avoir étudié la nature et la fonction des différents types de fantasme suicidaire, l’auteur se focalise sur celui de sa patiente. Pendant la phase pré-suicidaire, le père de la patiente – en particulier son incapacité à revendiquer sa fille ou à se présenter soit comme rival amical de la mère soit comme objet de rechange – joue un rôle crucial dans l’état psychique de l’adolescente, comme en témoignent le transfert de la patiente et le contre-transfert de l’analyste. Un aspect fondamental de la dynamique qui s’enclenche pendant la thérapie d’un patient pré-suicidaire est la tentative de celui-ci pour forcer son analyste à participer, en collusion avec lui, dans le scénario suicidaire de façon à ce que l’analyste « autorise » ou « cause » le passage à l’acte suicidaire. Ces hypothèses sont illustrées par des extraits du matériel clinique d’une adolescente qui fit une tentative de suicide au cours de son analyse.
Geste significatif dans les représentations sociales et artistiques, le baiser constitue l’une des icônes de la modernité. À partir d’entrevues exploratoires et d’un questionnaire passé auprès d’étudiants universitaires du Québec et de Suisse Romande, la place et la signification du premier baiser dans l’adolescence ont été cernées. Les données suggèrent un ensemble de contextes (baiser-jeu ou initiation) axés sur l’expérimentation et l’exploration de techniques. Cependant les facteurs nationaux semblent intervenir quant à la modulation de la place du baiser dans les scénarios sexuels, contribuant au développement psychosexuel.
La fête condense deux attentes contradictoires, l’une individuelle à savoir trouver le partenaire amoureux et/ou sexuel idéal, et l’autre de retrouver la sécurité narcissique au sein d’un groupe qui promet des plaisirs sans comparaison. Le choix est d’autant plus difficile que les deux solutions ont fantasmatiquement la même conséquence : la félicité du « sentiment océanique ». Pris entre la fidélité au groupe et l’espoir d’une rencontre amoureuse, l’adolescent opte souvent pour une troisième voie, celle de la recherche rapide d’un état second par la consommation d’alcool ou de stupéfiants.
La fête est née dans l’environnement religieux mais la fête religieuse a évolué dans son contenu et dans ses buts. Le « nous » s’y éclipse au profit de la valorisation narcissique et de la recherche de subjectivation. Certains aspects de la fête religieuse sont investis aujourd’hui comme espaces de conversion et de transformation de soi. Dans tous les cas, le sujet adhèrera au « nous » religieux d’une manière intermittente, dans des moments de capillarité fusionnelle, éventuellement renouvelés dans le temps, sans pour autant s’inscrire dans une église. Le festif sera autant le moment de rencontre avec Dieu que la scène imaginarisée de confrontation à son propre destin.
Afin de creuser les raisons de ce refus, l’auteur examine successivement les limites du concept de défense maniaque, les caractéristiques de toute fête de famille – le rite qui évoque les origines de la famille et l’appartenance de ses membres, mais qui se dresse également contre tout excès et débordement –, la nature singulière de la fête, chez les adolescents – hyperactivité et mise en tension des sensations archaïques –, pour préciser ce qui les heurte tout particulièrement. Les adolescents n’aiment pas les fêtes de famille car elles véhiculent un ordre généalogique dans lequel ils imaginent ne pas avoir de place. Ce serait la raison qui explique qu’ils ne supportent pas leur tonalité apologique ou les certitudes que prétendent dégager les allégories mythiques qui s’y expriment. Ce rejet est en accord avec leur prétention de se construire une néo-filiation, ce qui les conduit vers d’autres groupes et d’autres fêtes (rave parties), mais cela n’est que la face visible d’une autre quête, celle d’une place qui serait la leur dans la généalogie.
Des fans de mangas se réunissent par milliers pour faire la fête. Le cosplay est un jeu-spectacle où les participants sont costumés comme leur héros de mangas préférés. Les fonctions ludiques, métaphoriques et métonymiques de ces costumes sont examinées. Les propos d’une adolescente cosplayeuse illustrent la fonction du costume comme objet de créativité, contenant narcissique, enveloppe protectrice, support d’identifications et de différenciation. La réversibilité possible grâce au costume, avec ses aspects « baby » et « sexy » permettrait de lutter contre des angoisses liées à une sexualité adulte irréversible et d’explorer des sensations érogènes de type infantile.
L’auteur retranscrit l’unique rencontre avec un adolescent « punkabbestia », qui consulte à la demande de ses parents et pour une éventuelle orientation. L’analyse du contre-transfert du thérapeute est ici minutieusement développée.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7