Tous les articles par Admin

Bernard Duez : l’enfermement et les issues de l’indécidabilité

 

Après un bref rappel ethnologique et historique l’auteur met en évidence le travail de l’enfermement psychique en montrant comment cet enfermement suppose une mise en scène. À partir d’un exemple clinique, en insistant sur la dimension de scène et sur la notion des groupes internes, il montre comment les moments de renfermement à l’adolescence s’inscrivent dans un contrat inconscient entre l’adolescent et le monde adulte. Il apparaît que l’enfermement se situe dans une problématique de l’intrusion qui renvoie à l’insuffisance originaire du sujet humain. Le travail des groupes internes, qui oscille entre lien vers l’autre, appropriation de soi et enfermement a pour fonction de transformer l’état traumatique que l’auteur définit comme une état subjectif ambigu qui affronte le sujet à l’indécidabilité, à l’impossibilité à destiner ses pulsions. L’invention du lien d’incompatibilité  est une tentative de se dégager de cet état et engage le travail des groupes internes.

Charlotte Le Van : la grossesse à l’adolescence : un acte socialement déviant ?

À l’heure de la contraception banalisée et de l’allongement des études, les grossesses à l’adolescence apparaissent comme un défi au temps socialement prescrit en matière de fécondité et suscitent généralement inquiétude et incompréhension. L’objectif de cet article est de montrer comment le discours savant contribue à conforter l’âge socialement requis à la première grossesse. À contre-pied d’une littérature médicalisée et normative, il s’agira également, sur la base d’investigations de terrain, de remettre en question quelques idées reçues en la matière, et d’esquisser d’autres pistes explicatives de ces grossesses « culturellement » précoces

Sylvain Missonnier : parentalité prénatale, incertitude et anticipation

La pratique clinique en maternité met en évidence des éléments psychologiques prénataux essentiels dans le segment périnatal du processus de parentalité. Face à l’incertitude décuplée à l’égard du devenir de l’enfant à naître, l’anticipation parentale anténatale mérite d’être explorée en clinique périnatale comme un marqueur psychologique et psychopathologique pertinent. Dans ce contexte, le concept de « relation d’objet virtuel » tente d’explorer la complexité comportementale, affective et fantasmatique de la relation parents/fœtus et ses rééditions, toute la vie durant, lors des métamorphoses à l’issue incertaine, à l’instar de l’adolescence.

Patrick Cauvin, Sylvie Bérard, Elyane Allari : le bébé de l’adolescente. Un « objet de transition » pour sa mère

La relation mère-bébé correspond pour la mère comme pour son bébé à un piège dans lequel le temps du développement s’arrête. Nos observations de dyades côtoyées en Pouponnière, Centre d’Accueil mère-bébé et PMI rassemblent des arguments en faveur d’un trouble caractéristique de la distance mère-bébé. Le nourrisson est investi comme un « objet de transition », servant à la mère de support transitoire à ses imagos parentales en cours de désidéalisation, dans un processus de post-adolescence non achevée. Il en résulte une « assignation à résidence » comportementale et affective du bébé qui devra se montrer conforme aux attentes maternelles s’il veut s’épargner la brusque expérience du désinvestissement maternel défensif. Coincé entre idéalisation et rejet, le bébé n’expérimente la conflictualité précoce que dans sa dimension de rupture, ce qui pose un problème pour la constitution de sa subjectivité.

Brigitte Mytnik : le fantasme de magmamatrice

Nous étudions ici la question du lien mère/fille. Dans certaines de ses occurrences il utilise la fécondité  comme support.

La parole de trois adolesccentes et de leur mère autour de la survenue d’une grossesse « surprise » et de la volonté de l’interrompre nous dévoile une forme singulière de passage par la chair qui se nourrit d’un fantasme originaire organisateur : celui d’une matrice collective non différenciée, la Magmamatrice.

Alberto Konicheckis : grossesse à l’adolescence, aire du culturel et tissage des liens précoces

Afin de problématiser la coïncidence de ces deux formes de crise d’identité, adolescence et maternité, sont proposées deux hypothèses : l’une qui aborde le facteur culturel dans l’évitement ou la facilitation des troubles psychopathologiques et la deuxième qui considère la grossesse et la maternité comme antinomiques par rapport aux processus adolescents. Trois parties développent ces fils de réflexions. La première, composée à partir de l’entretien d’Inès, jeune mère d’origine gitane, permet de comprendre comment l’espace culturel, partagé avec le monde social extérieur, se prête au portage du monde psychique interne. Dans la deuxième, les résistances de la grossesse à l’égard des processus adolescents sont abordées à travers les nouveautés pubertaires et les enjeux narcissiques. Dans la troisième partie, est présenté le suivi d’une adolescente enceinte et de sa famille dans le cadre d’un réseau multidisciplinaire de soutien à la parentalité.

Ignacio Melo : adolescentes enceintes

À partir d’une expérience de consultation psychiatrique spécifique pour les adolescentes à la Maternité de Genève, l’auteur propose une réflexion sur la grossesse à l’adolescence, les transformations psychiques qu’elle conditionne, et le travail autour de la proposition d’une IG. La place des parents de la jeune fille et celle du père adolescent sont abordées. Le désir d’enfant à l’adolescence est traité par rapport à l’histoire de la jeune fille et à son avenir.

Michel Delage, Maryse Petitjean, Aline Delahaye, Jean-Luc Bruno : quand l’adolescent vient interroger la parentalité dans une famille recomposée

La recomposition familiale est l’occasion de changements multiples, individuels et groupaux. Ces changements sollicitent particulièrement la parentalité. Autrefois, la recomposition familiale survenait après un décès et réalisait une famille de substitution. Maintenant, elle réalise une famille additionnelle et l’enfant se trouve quelquefois confronté à une véritable « constellation parentale ». Il est souvent amené, et tout particulièrement à l’adolescence, à jouer un rôle actif dans les jeux complexes auxquels se livrent les adultes.

Ainsi lorsqu’il quitte l’un de ses parents pour aller vivre avec l’autre, l’adolescent relance l’ancienne partie jouée entre les partenaires séparés. En même temps, sa nouvelle présence au sein du foyer recomposé interroge fortement la conjugalité du nouveau couple. Une crise se développe avec d’autant plus d’ampleur que les tensions sont plus souvent agies que pensées. Cela a des conséquences sur les interventions thérapeutiques, basées essentiellement, au moins dans un premier temps, sur une clarification relationnelle qui doit être rapide et brève. Le risque est grand en effet d’un éclatement familial et d’une nouvelle séparation.

Brigitte Prati : les adolescents adoptés sont-ils plus à risque de suicide que leurs pairs non adoptés ?

Dans les pays développés, les enfants adoptés représentent moins de 1% des naissances, mais ils peuvent représenter jusqu’à 20% des patients dans les services de psychiatrie. Ce déséquilibre soulève une interrogation sur le lien entre adoption et pathologie et, plus particulièrement, entre adoption et crise suicidaire à l’adolescence.

À partir d’une revue de la littérature scientifique et de son expérience clinique, l’auteur propose quelques hypothèses psychodynamiques et dégage des pistes de réflexion sur cette problématique.

Pierre Lévy-Soussan : la filiation à l’épreuve de l’adolescence

La solidité de la filiation adoptive se jauge à l’épreuve des mutations identitaires propres à l’adolescence. Le cadre parental est fortement sollicité dans sa fonction contenante et de transformation des angoisses de l’adolescent. Le chemin qui a mené vers l’enfant devenu adolescent est alors ré-interrogé pour éprouver l’imaginaire originaire du couple dans sa fonction historicisante. Sont discutées les raisons expliquant la vulnérabilité psychique de la filiation adoptive puis les similitudes entre processus filiatif et processus adolescent. Du côté des parents, l’une des difficultés est représentée par l’incapacité à faire le lien entre l’enfant dans son histoire pré-adoptive marquée par l’abandon, les carences affectives et la continuité de leur propre histoire familiale