Tous les articles par Admin

Myriam Frégonèse : variation sur la mort et le symbole

Invité par son thérapeute à écrire de la façon la plus libre qui soit, un jeune adolescent de quatorze ans pris en charge en hôpital de jour, va déployer un récit que jalonneront diverses représentations de la mort. À celles-ci Dan tentera de faire correspondre une forme de réponse potentiellement salutaire et la plupart du temps rendue possible par la convocation de différents personnages romanesques. Son récit sera finalement clôturé par une scène où mort et symbole viendront à se lier comme pour enfin prétendre à quelque trouvaille structurante.

Renée-Laetitia Richaud : Sylvie-Christine. réaction

À l’écoute de l’exposé d’un cas de mutisme et de secret de famille en Hôpital de Jour, il m’apparaît qu’une adolescente parvient à faire vivre à ses soignants ce qu’elle ne peut elle-même ni éprouver, ni penser, ni parler. Lors de cet exposé, le travail clinique se poursuit comme une démonstration : des lapsus de l’exposante incitent à une continuation du travail de mise en pensée et le contre-transfert induit à une interrogation sur la nécessité d’audacieuses rêveries, non pas pour les considérer comme des vérités mais pour dégager la pensée des soignants de l’interdit de pensée pesant sur eux comme sur l’adolescente. L’abord de difficultés narcissico-identitaires gagne peut-être à être ainsi librement redéployé par l’analyste à la fois dans sa capacité à se faire suffisamment bon médium malléable et dans ses hypothèses concernant l’héritage transgénérationnel ainsi que l’impact du narcissisme parental, surtout lorsque la douleur crée des évitements de pensée. Une fois encore, une pathologie grave pourrait permettre l’abord de difficultés plus communes.

Hélène Tournaire : sylvie au centre d’une thérapie de famille

La thérapie de famille menée pendant quatre ans autour de Sylvie, une adolescente suivie en Hôpital de Jour, révèle un fonctionnement familial symbiotique et pathogène, difficile à appréhender car il est verrouillé par un discours au conformisme banalisant. Sylvie, en s’appuyant sur le travail institutionnel, a su utiliser le cadre de la thérapie de famille pour se dégager de la problématique familiale en en interrogeant les différentes modalités.

Isée Bernateau : Sylvie, ou comment se séparer des morts ?

Sylvie, une adolescente suivie en Hôpital de Jour, est dans une préoccupation exclusive des morts. Ceci ne serait pas le signe d’un processus de deuil en cours d’élaboration, ni même d’un lien mélancolique avec un objet déjà perdu, mais témoignerait de l’inclusion cryptique d’un deuil traumatique non élaboré à la génération précédente. Cette inclusion génère un lien incestuel dans la famille que Sylvie tente, au travers de ses questionnements obsédants sur les morts, de métaboliser.

Muriel Darmon : variations corporelles. l’anorexie au prisme des sociologies du corps

En adoptant le regard particulier qu’offre la sociologie du corps, cet article replace les attitudes et comportements anorexiques dans l’espace social des représentations et usages du corps. L’étude des « variations corporelles » (selon les époques de l’histoire, les classes sociales, les classes d’âge et le sexe) permet de voir se profiler, derrière le corps anorexique, un modèle corporel situé historiquement et socialement, qui est tout à la fois contemporain, adolescent, féminin, et d’origine sociale moyenne ou supérieure. En outre, le processus de transformation corporelle qui se joue au cours de la carrière anorexique entre en résonance avec des représentations contemporaines de la malléabilité corporelle. Il en manifeste notamment deux figures pourtant opposées, celle d’un corps « mou », perçu comme labile et modifiable à l’envi, et celle d’un corps « dur », qui tend à « persévérer dans son être » et à résister à toute injonction au changement.

Sandra Lopez, Irène Nigolian : les yeux rivés vers le ciel. ali, un cas d’anorexie mentale masculine

L’auteur étudie un cas d’anorexie mentale masculine à travers un éclairage psychosomatique et la spécificité de la mentalisation. Est développée l’importance de la modulation des approches des soins en fonction de l’attention portée aux mouvements psychiques susceptibles de relancer l’activité mentale en lieu et place des conduites autodestructives.

Sophie Vust, Luc Michel : adolescence, troubles du comportement alimentaire et groupe thérapeutique : une expérience.

Les nombreuses demandes de consultation pour troubles du comportement alimentaire atypiques au sein d’une consultation de santé des adolescents ont incité une réflexion sur cette psychopathologie « nouvelle », ainsi qu’une proposition de prise en charge dans un groupe thérapeutique d’inspiration analytique. La question de la dépendance et de l’auto-renforcement de ces difficultés est aussi abordée, ainsi que l’aménagement nécessaire du cadre thérapeutique tant aux adolescents qu’au symptôme.

Bernard Kabuth, James Lock : traitement de l’anorexie mentale de la jeune fille : de la lorraine à la californie

Un séjour d’une année de l’auteur principal dans le service de pédopsychiatrie de l’université de Stanford a permis aux praticiens français et américain de comparer leur pratique clinique dans le cadre du traitement de l’anorexie mentale de la jeune fille.

Les différences se retrouvent moins dans les références théoriques que dans les pratiques qui sont très liées au contexte culturel et au mode d’organisation financier du système de soins des deux pays.

Sont comparées les indications et les conditions de l’hospitalisation et des suivis ambulatoires. La discussion montre les avantages et les inconvénients de ces deux pratiques. L’intérêt de la séparation thérapeutique qui n’est plus pratiquée en Californie, est commenté.

Maurice Corcos : le contrat de soins dans le traitement hospitalier de l’anorexie mentale : séparation-réappropriation-subjectivation

L’établissement d’un contrat de poids dans le traitement hospitalier de l’anorexie mentale,  inscrit d’emblée dans la tête des parents et de la patiente, le souci dénié pour la réalité somatique et son devenir à risque de complications graves. Puis, rapidement s’établit que la question centrale n’est pas celle fantasmée de « gaver » la patiente par une technique médicale qui la rende « grosse », mais bien celle du devenir femme entravé, d’une jeune fille qui fait avorter par sa conduite active et volontaire son processus d’adolescence. Cette référence symbolique du contrat instruit des effets sur le corps et les processus de pensée de la patiente, et permet des remaniements identificatoires.

La contrainte vécue de l’acte thérapeutique est toujours bien moindre que la violence des relations primitives du moi du sujet avec son surmoi archaïque et vise à soulager les contraintes internes à l’origine de la restriction alimentaire et de l’amaigrissement. La « persécution » extérieure s’oppose au dictateur interne… le conflit est déplacé dans la relation aux soins (figure des conflits avec les parents) et permet l’émergence de nouvelles possibilités de représentation. Le conflit est à nouveau humain et pendant tout un temps vont se déployer déni, clivage, projection, à visée défensive, avant qu’une rencontre dans le conflit ne soit possible, rencontre qui protège le narcissisme du patient (elle ne s’humilie pas dans une demande d’aide, le lien lui est imposé). Cette rencontre permet l’exploration des désirs profonds de la patiente, et de son degré de résistance dans le déni ou le conformisme plaqué C’est cette dialectique désir-résistance qui permet l’établissement d’un diagnostic en termes économiques puisque fondamentalement c’est le désir qui construit l’aliénation. Le contrat est un artifice technique, qui provoque une situation de séparation fortement appréhendée par la patiente et sa famille, et qui révèle la complexité (nature, intensité et ambivalence) des liens parents-enfants et les fantasmes qu’ils ont générés. Il permet d’étudier la problématique centrale de séparation : atermoiements autour des poids de séparation et de sortie, fétichisation d’un poids, réactivation de la problématique de séparation à l’occasion de la sortie de l’institution. Adoptant le langage du symptôme et le cantonnant dans le cadre du contrat de poids, le psychiatre peut alors dans l’espace psychothérapique déployer son offre de soins vivants.