la Revue est semestrielle, les auteurs souhaitant proposer un article pour un des prochains numéros de 2026 doivent le faire parvenir en fonction des argumentaires ci-dessous et selon les modalités des recommandations aux auteurs.
Les recommandations aux auteurs :
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Les argumentaires :
Argumentaire du numéro : La guerre 2026 T. 44 n°1
DATE LIMITE DE SOUMISSION D’UN ARTICLE :
15 SEPTEMBRE 2025
Argumentaire du numéro : Tous phobiques, 2026 T. 44 n°2
Date limite de réception des articles : 15 janvier 2026
Parution le : 15 septembre 2026
Dans la mythologie grecque, Deimos et Phobos sont deux divinités jumelles. Deimos personnifie la terreur, l’effroi et la crainte qui précèdent le combat. Phobos symbolise la peur panique qui saisit le guerrier sur le champ de bataille. Deux divinités, deux peurs. L’usage moderne de phobie dans un contexte médical en a inversé le sens mythologique, faisant de la phobie une peur anticipée et irrationnelle. Un renversement de sens à l’image de ces deux peurs qu’il n’est en réalité pas aisé de distinguer.
Si la peur est le signal d’angoisse protecteur face à un danger réel, la phobie est la peur irrationnelle et irraisonnée à l’action paralysante. Elle est déclenchée par une situation, un objet inoffensif, qui entrainent une réaction d’évitement. La phobie est un des symptômes psychopathologiques les plus répandus. Elle a ceci de particulier qu’elle en décline les formes en de multiples préfixes qui désignent l’objet de ses fixations : claustrophobie, agoraphobie, nosophobie, etc. Certaines se rencontrent plus fréquemment à l’adolescence comme la peur de rougir, éreutophobes, ou la dysmorphophobie, celle qui déforme l’image du corps et devient objet de fixation.
La phobie scolaire, quant à elle, désigne l’école comme lieu et source de l’angoisse. Maux de ventre, de tête, vomissements, l’angoisse prend au corps l’adolescent avant de se rendre à l’école. Incapable de franchir le seuil du collègue ou du lycée ou, lorsqu’il y parvient, passant le plus clair de son temps à l’infirmerie. Dans les cas les plus préoccupants, la phobie scolaire s’installe et l’absentéisme se généralise jusqu’au décrochage scolaire, cet abandon de la scolarité sans diplôme validé d’études secondaires. L’expansion du phénomène des adolescents « décrocheurs » depuis les années 2000 est telle que le décrochage scolaire est devenu une priorité nationale en France et un objectif commun en Europe avec des résultats attendus d’ici 2030. Mais à quoi attribuer l’expansion d’un tel phénomène ? Pourquoi la phobie est-elle, si souvent à l’adolescence, « scolaire » au point que le syntagme « phobie scolaire » s’est aujourd’hui imposé dans le socius, même si la psychopathologie psychiatrique continue de lui préférer le terme de « refus scolaire anxieux » (RSA) ? Le Covid a certes entraîné une augmentation des cas de « refus scolaire anxieux », mais on ne peut pas pour autant considérer qu’il soit à l’origine du phénomène.
Si la phobie est rattachée par Freud à l’hystérie comme hystérie d’angoisse, elle met en œuvre un refoulement plus limité et moins massif que dans la belle indifférence de l’hystérie de conversion. La phobie, névrose phobique ou symptôme transnosographique ? Symptôme névrotique, elle est le substitut d’une satisfaction pulsionnelle qui n’a pas eu lieu, son complexe nucléaire est l’Œdipe ; son angoisse, la castration. Symptôme transnosographique, elle interroge le sens de la solution phobique dans différentes organisations psychopathologiques quand les éléments œdipiens ne structurent pas le fonctionnement psychique. Leurs points communs demeurent les mécanismes qui y président, la projection d’un danger interne à l’extérieur, la condensation symbolique. Toutefois, la phobie scolaire est-elle un symptôme ou une organisation ? Recouvre-t-elle l’ensemble des conduites de refus d’aller à l’école ou des apprentissages, ou encore d’inhibition de la pensée ? Peut-on les distinguer des situations de harcèlement qui conduisent l’adolescent à fuir l’école, ou encore d’états de dépression qui emportent avec elle tous les investissements ? Quels liens avec ce qu’É. Kestemberg désigne comme la phobie du fonctionnement mental, ou ce que J.-L. Donnet appelle psychophobie ? Assurément la pression à la réussite, l’exigence de choisir de plus en plus tôt son parcours scolaire sont des terreaux fertiles à la phobie scolaire, mais ils ne disent rien des mécanismes inconscients qui sous-tendent le choix du symptôme.